Saint Seiya Inferno Universe

Chapitre 18 : Fleur contre Démon, Haine contre Bravoure : Waltraute passe à l'action !

Dans le chemin qui mène à la dimension de la Maladie, Waltraute de la Daphné, l'Étoile Terrestre de l'Agonie marche silencieusement, malgré les larmes qui coulent le long de ses joues.

Le seul homme qu'elle ait jamais aimé était parti de l'autre côté du Styx, sacrifiant sa vie pour protéger l'humanité des Ameshas et de la tyrannie de leur Seigneur Ahriman. Depuis, la jeune femme, avait terré son chagrin au plus profond d'elle-même, mais devant la solitude et l'incertitude de survivre, la Spectresse laissait éclater sa peine au grand jour.

Elle se rappelait de leur rencontre, lors de l'Ascension des Enfers qui avait vu Lokus devenir Spectre d'Hadès. Un beau jeune homme aux cheveux châtains et au regard malicieux, avec pourtant une étrange sérénité dans sa voix et un sang-froid à toute épreuve.

Il lui avait parlé de lui après sa victoire, car étrangement, dès que leurs regards s'étaient croisés, ils ne s'étaient plus jamais quittés. Waltraute était arrivée depuis peu, et encore c'était contre son gré ! Son père, le Roi Orios, était le souverain de la cité de Thanatopolis, une petite ville située à la frontière de l'Epire et protégée par les Spectres d'Hadès depuis des siècles.

La jeune fille, à sa naissance, était déjà différente des autres. Ses cheveux bleus faisaient d'elle une enfant à part, et les événements futurs ne firent que confirmer cet état de fait. Véritable garçon manqué, Waltraute préférait les armes des soldats aux joujoux pour enfants et autres bijoux pour jeunes filles.

Un jour, la jeune femme, alors âgée de 16 ans, prise dans une violente dispute avec son père qui lui reprochait ses tendances guerrières, frappa de rage un pilier du palais qui fût brisé en deux sous le choc, et un éclair entoura la jeune femme, devenue soudainement incontrôlable.

Waltraute aurait tué son propre père si un Spectre d'Hadès n'était pas intervenu. Ce spectre, c'était Nikiolas du Wyvern. L'Oracle prît en charge de lui-même la formation de la princesse et proposa à son père de faire d'elle un Spectre d'Hadès, ce qu'accepta le Roi.

Waltraute partît alors de sa terre natale contre son gré, et les entraînements auxquels elle fût astreinte ainsi que la difficulté d'être une femme Spectre eurent tôt fait d'entacher son moral. Mais Lokus avait tout changé, et elle s'était alors jurée de gagner la prochaine Ascension des Enfers pour parler à ce Spectre d'égal à égal.

Seulement, les choses ne s'étaient pas passées comme prévu, et il avait fallu qu'un invité de dernière minute, un sale gnome rouge du nom de Gladius lui vole son opportunité et le surplis par la même occasion... C'est du moins ce qu'elle croyait car le Surplis de la Daphné s'était finalement manifesté de lui-même pour adouber la Spectresse.

Aujourd'hui, Lokus n'était plus là, mais le mal qu'il voulait éradiquer restait. C'est pourquoi Waltraute essuya ses larmes et accéléra l'allure de sa marche, décidée à venger son bien-aimé en emportant l'Amesha qui lui ferait face, quitte à rejoindre l'ex-Panthère dans la tombe en emportant son adversaire avec elle.


Allongé sur le sol glacé de la dimension de la Haine, la Chimère regardait la voûte obscure de ce monde créé à l'image des Ténèbres. Un monde sans vie et sans couleur, un monde sans en être un.

Ganymède ne sentait plus ses membres, et n'entendait même plus son cœur battre. Ses oreilles ne lui rendaient aucun bruit, son nez aucune odeur. Seuls ses yeux semblaient fonctionner, alors même que son cosmos s'était fait aspirer par les sabres de Gilgamesh, qui le lui avait bien rendu.

Le Spectre de la Chimère sentait du sang couler sur sa peau et une douleur intense lui parcourait le corps, ravageant chaque partie de celui-ci. Peut-être étaient-ce des effets secondaires des coups de sabres du Démon. Le Spectre avait combattu de toutes ses forces et la puissance de Gilgamesh ne faisait aucun doute. Un guerrier tel que lui ne pouvait donc être vaincu si facilement.

Le Spectre de la Chimère vît soudain une ombre au-dessus de lui et pût constater que le Démon d'Asmodée était à ses côtés. Ses oreilles entendirent les paroles de l'Aurore Ténébreuse, des paroles qui lui parurent lointaines, comme si celui-ci murmurait à une centaine de mètres de là.

  • - Le simple fait que ton corps soit encore de ce monde est un miracle, dît le Démon sur un ton impérieux, mais tu n'en es heureusement pas ressorti indemne. Ton esprit est complètement anéanti par la Haine qui commence à te ronger le cœur et qui a corrompu tes cinq sens, ainsi que ton cosmos. Ton surplis, désolé de te le dire, est brisé de parts et d'autres, et ne pourra plus te protéger. C'est fini, Spectre. Mais j'ai apprécié ce combat. Meurs sans regret, Ganymède.

Le Démon d'Asmodée fît alors apparaître un nouveau sabre noir qu'il tendît vers le ciel, la lame prête à pourfendre le cœur de la Chimère, qui ne pouvait même plus bouger un doigt. Était-ce ainsi qu'il allait finir ses jours ? Était-ce ainsi que Ganymède allait venger Nergal, son ami de toujours ?

  • - SUREMENT PAS !!!!

L'arme du Démon s'abattît pourtant sur le Spectre de la Chimère, un coup monstrueux qui fît trembler le sol, qui se déchira même sous la force projetée contre lui. Pourtant, une main s'était levée, une main avait bloqué la lame. Et sur cette main, l'index levé, une force cachée dans le cœur de Ganymède éclata au grand jour : la force de l'amitié.

  • - IMPULSION CHIMERIENNE !!!!!!!

De l'index du Spectre jaillit la lumière rédemptrice, la lumière de la bravoure qui fracassa l'arme de Haine de Gilgamesh et l'expulsa de nouveau dans les airs. Mais c'était la troisième fois que Gilgamesh subissait cette attaque, et il n'eût aucun mal à se rééquilibrer au milieu du ciel obscur, étant néanmoins surpris du soudain rétablissement de son adversaire.

Il fût encore plus surpris lorsque celui-ci se projeta sur lui et lui administra une seconde impulsion chimérienne, puis deux, puis trois. Le Spectre de la Bravoure usait de sa technique à répétition, frappant son adversaire de coups de poings soniques projetés à une telle vitesse et à une telle cadence que chaque Impulsion Chimérienne n'était en fait que l'émergence d'une technique beaucoup plus destructrice, constituée d'une centaine d'impulsions.

  • - PULSATION CHIMERIENNE !!!!!, hurla Ganymède plein de colère et de rage.

Le Spectre de la Chimère forma une boule d'énergie orange qu'il administra en pleine poitrine de son adversaire, qui réussit cependant à bloquer l'attaque avec son bras. Une centaine d'Impulsions Chimériennes furent soudainement libérées en même temps, si bien que l'explosion sonique qui en résulta fissura même le ciel, les rochers s'unissant les uns aux autres tandis que Gilgamesh tomba sur l'un d'entre eux.

Un tourbillon noir prît alors place dans la dimension de la Haine et l'ensemble de celle-ci disparût en un instant, faisant soudainement s'évanouir dans les airs les deux combattants enfermés à l'intérieur.


Waltraute de la Daphné arriva finalement à destination : la Dimension de la Maladie. Un endroit nauséabond, semblable à un marais, où de nombreuses vapeurs pestilentielles recouvraient les étendues d'eau verdâtre du lieu. Ca et là, quelques mottes de terre flottaient dans cette surface de liquide croupissant, où l'on trouvait parfois quelques crânes d'hommes et de bêtes, sans oublier l'odeur fétide qui allait avec.

Pourtant, au milieu de cette étendue maladive, une femme d'une rare beauté se tenait entre des lianes d'arbres à moitié morts, respirant avec délectation l'odeur de ce marais ténébreux.

Contrairement à Waltraute, ses cheveux étaient assez courts, ne tolérant que quelques mèches de cheveux mi-longs sur le côté et derrière la nuque. Ses yeux, d'un noir couleur d'ébène qui ne reflétait aucune lumière, marquaient irrémédiablement son appartenance à Ahriman, tout comme l'armure suggestive qu'elle portait.

Elle arborait ainsi une sorte de tiare sur ses cheveux qui recouvrait son front et ses tempes, tandis que son plastron était constitué de mains dotées de longues griffes protégeant sa poitrine. Ses côtes étaient harmonieusement occupées par des courbes métalliques s'apparentant à ses tissus musculaires, tout comme ses épaulières et ses gantelets. Ses jambières étaient, quant à elles, constituées d'une sorte de peau noire métallique d'où sortait des veines obscures.

Le tout était également parsemé de centaines de pupilles gravées dans le métal de l'Éon, pupilles ressemblant trait pour trait à des yeux humains, et dessinées avec une grande finesse.

  • - Je suis Saya du Zerëh, la Nébuleuse Démoniaque de la Maladie. Et toi, jeune Spectresse, qui es-tu ?
  • - Waltraute de la Daphné, l'Étoile Terrestre de l'Agonie, et ton prochain adversaire, Démone !
  • - Sommes-nous vraiment obligées de nous battre ?, demanda la Démone qui semblait visiblement ennuyée à cette idée. Je préfère flâner dans cette Dimension de la Maladie. C'est un peu mon Élision à moi...
  • - Élision n'a rien à voir avec ce marais putride !, lança Waltraute vexée de la comparaison, Élision est le Paradis des Enfers ! Un endroit où seuls les justes et les héros ont le droit de séjourner ! Un endroit de verdure et de vie, avec le soleil, l'herbe chaude, la brise du matin et des fleurs à perte de vue !
  • - Par Ahriman, s'exclama Saya, que c'est idyllique ! Quel endroit affreux ! Je préfère de loin le monde que m'as promis mon bien-aimé maître Ahriman.
  • - Dans ce cas nous allons devoir nous battre, lança la Spectresse décidée au conflit.
  • - Se battre ? C'est d'une grossièreté ! Si tu tiens tant que ça à mourir, mon marais s'en chargera de lui-même.

C'est alors que Waltraute sentît ses pieds s'embourber dans le sol vaseux du marais. La Spectresse tenta de retirer ses jambes, mais c'était comme si le sol l'empêchait de bouger. La jeune femme s'enfonçait peu à peu dans le marais ténébreux, et sentît qu'un cosmos obscur était à l'œuvre et s'en prenait à elle par le piège des sables mouvants.

  • - Mais... qu'est-ce que ??? C'est toi qui fais ça ????, lança Waltraute avec une pointe d'affolement dans la voix.
  • - Bien sûr ma belle, affirma Saya en souriant, tu vas faire partie de mon fabuleux décor, n'est tu pas heureuse ?
  • - Heureuse d'être enterré vivante ???? Sûrement pas !
  • - Mais tu ne seras pas forcement enterrée vivante pour toujours, ma jolie, certains remontent à la surface, fît la Démone en montrant un cadavre en putréfaction non loin de Waltraute.

La Spectresse sentît la moutarde lui monter au nez au moment même où elle sentît le sol au niveau de son menton. La Spectresse intensifia alors son cosmos, ses cheveux bleus virèrent au violet tandis que des éclairs de la même couleur parcoururent le sol.

  • - JE... NE SUIS PAS... TA JOLIE !!!!!!!

Le sol vaseux explosa soudainement, libérant une incroyable quantité de terre, d'eau et d'autres insectes gluants de toutes sortes, dont un énorme lombric qui finît sa course dans les cheveux de la Démone, qui l'enleva non sans échapper quelques hurlements.

Un cratère prît alors place à l'endroit où Waltraute se tenait debout, ses yeux bleutés gagnant peu à peu leur teinte violette. En face d'elle, la Démone sentît la colère monter en elle, une colère qui la rendît un peu plus crédible et effrayante.

  • - Très bien Spectresse, je t'ai laissé une chance de mourir paisiblement, mais au lieu de ça tu ravages mon décor favori ! Je déteste me battre, mais puisque tu insistes...

Le corps majestueux de l'Amesha se couvrît soudainement d'une enveloppe de vapeur d'ombre, ne laissant voir que sa tête, ses mains et ses jambes. Waltraute ressentît alors le cosmos de Saya augmenter de plus en plus, tandis que ses bras s'écartèrent vers l'arrière, et que la Démone prît une position de charge.

  • - SUFFOCATION... MALADIIIIVE !!!!

Les yeux de la Démone devinrent rouges au moment où les bras de Saya se refermèrent sur elle-même, la Démone prenant une pose d'étranglement. Waltraute se sentît soudainement élevée dans les airs par le cou, tandis qu'une sorte de cocon noir se forma autour d'elle. La jeune femme peinait de plus à plus à respirer alors que, paradoxalement, elle sentait très bien la profonde odeur nauséabonde qui envahissait son nez, mélange de chair humaine crue et de tripes d'animaux pourris. La Spectresse en eût un haut le cœur, et rapidement une profonde envie de vomir.

  • - Tu n'aimes pas cette merveilleuse odeur que je te fais sentir, ma biche ?, demanda Saya d'un air innocent, je suis hélas la seule à pouvoir la sentir sans en tomber malade. Tous ceux à qui je l'ai fait sentir en sont morts, pris de violents vomissements... Sauf bien sûr quand je serrais trop fort leurs petits cous...

Waltraute aurait bien voulu faire taire ce petit minois un brin cruel, mais rien ne pouvait sortir de sa nuque, et si elle n'agissait pas très vite, elle allait sans doute mourir. La Spectresse se concentra donc sur l'odeur affreuse qu'elle sentait et qui lui donnait de profondes nausées.

La Spectresse pensa alors fort à Lokus de la Panthère, en particulier à l'odeur de sa peau si douce, semblable à du jasmin ou à des olives tout juste cueillies dans le soleil couchant de la Méditerranée.

L'odeur nauséabonde disparût peu à peu de l'esprit de la Daphné, ne laissant place qu'à une douce odeur d'amour qui éradiqua les nausées. La jeune femme intensifia alors son cosmos foudroyant et, malgré l'étranglement de Saya, réussît à murmurer :

  • - PAR LE CERCUEIL DES FLEURS !!!!!

Aussitôt, une nuée de pétales de leurres jaillit du corps de la Spectresse et transperca le halo noir de la Démone. Les pétales se dirigèrent alors sur la Démone, qui, ne voulant pas être touchée par ce qui devait lui sembler être des horreurs, recula avec une vitesse incroyable et, d'un seul geste du bras, écarta les pétales électriques tout en les faisant faner de son cosmos ténébreux.

Néanmoins, l'attaque de la Daphné avait destabilisé la Démone dans son contrôle mental et la Spectresse avait désormais la nuque libérée de toute contrainte. Elle en profita pour respirer un grand bol d'air du marais, même si cet air n'était pas très sain.

D'ailleurs, Waltraute toussa un long moment avant de finalement calmer sa toux. La Démone, quant à elle, la regardait, admirative et presque fascinée par cette fleur qui résistait à son monde de maladie.

  • - Les Spectres d'Hadès sont décidément étonnants, fît Saya en s'approchant doucement de Waltraute, tes pétales sont gorgés d'énergie électrique, mais le courant n'a hélas pas pu passer entre elles et moi. Je n'aime pas les fleurs, ou alors seulement dans leur état le plus pur, c'est-à-dire fané. Et toi, tu ne dois pas aimer cette air qui passe par tes poumons, je me trompe ?
  • - J'avoue que ton marais pue la mort à plein nez, répliqua Waltraute en se remettant en garde, mais cela ne m'empêchera pas de te botter tes sales miches de dinde !
  • - Oh, tu progresses dans les insultes, constata tristement Saya, moi qui pensais que nous pourrions être amies...
  • - Amie avec quelqu'un comme toi ???? Sûrement pas, s'exclama Waltraute, vous les Ameshas n'avez aucune notion véritable de ce qu'est la mort et ne la voyez que dans la souffrance, la douleur et les ténèbres !
  • - C'est le cas pour mes congénères, mais pas pour moi, fît Saya en souriant, pour moi la mort est la beauté même, car c'est l'instant où la vie quitte le corps, qui prend dès lors une pose parfaite, devient un modèle de beauté éphémère qui s'enlaidit par l'usure du temps. Mais la mort n'est pas la même pour tous, et bien des morts ne sont pas parfaites. La seule convenable pour moi est la mort par maladie.
    La Maladie prépare le corps à son futur aspect. Elle épuise la vie goutte à goutte, si bien que chaque instant de plus passé avec ce don du ciel permet à l'âme humaine de partir plus facilement, et au corps de prendre la pose la plus belle qui soit.
  • - Toute maladie ne finit pas aussi bien que tu ne le crois, Saya, répliqua Waltraute visiblement choquée par les propos de la Démone. Beaucoup de gens souffrent mille morts avant de l'obtenir, et leur souffrance ne les rend pas plus beaux.
  • - Mais la souffrance fait partie du processus de transformation, ma jolie, et tu ne vas pas tarder à t'en apercevoir, souri Saya contente de ses crimes.
  • - Que veux-tu dire par là ?
  • - L'air de ce Marais est un air rempli de spores qui contaminent tous ceux qui n'en sont pas habitués. C'est une maladie incurable qui va te tuer à petit feu, lentement. Nul remède n'existe, hormis peut-être détruire la source de ses spores qui les rend si dangereux, c'est-à-dire moi. Mais là encore ma chère, avant que tu ne t'emballes et tentes de me tuer, sache que de toute façon je suis bien plus puissante que toi, et que tu ne pourras jamais me toucher.
  • - Je te trouve bien prétentieuse, Démone ! Tu vas voir si je ne vais pas te toucher ! PAR LE CERCUEIL DE FLEURS !!!!!

Une rafale de pétales électriques jaillît du bras droit de la Daphné et se précipita sur Saya de Zerëh, qui n'eût pourtant aucun mal à l'esquiver. La jeune guerrière Perse semblait danser dans les airs en évitant chaque pétale, tout en les effleurant du doigt avec son cosmos morbide, faisant faner les pétales de la Spectresse les uns après les autres.

  • - Tes pétales ne peuvent rien contre moi, je suis l'incarnation même de la Maladie, et le milieu dans lequel je vis ne permet pas à de simples pétales de me toucher ou de vivre.
  • - Dans ce cas je vais faire parler mes poings !, lança Waltraute en fonçant sur son adversaire

Les coups déferlèrent alors sur Saya de Zerëh qui n'eût pourtant aucun mal à esquiver les attaques de la jeune Spectresse, les esquivant avec une telle aisance et une telle facilité que celle-ci souriait presque à son adversaire à chaque fois que celle-ci ratait son attaque.

Qui plus est, l'Étoile Terrestre d la Daphné n'arrêtait pas de se dépenser et d'attaquer son adversaire avec toute la hargne qu'elle pouvait offrir, mais sa vision devenait étrangement floue et la jeune femme se sentît tout d'un coup fiévreuse, ce qui lui fît ralentir ses assauts.

  • - La maladie commence à prendre le dessus sur toi, ma belle. Tes assauts énergiques n'ont fait qu'accélérer l'inévitable.
  • - Tais-toi, Zerëh !, s'écria Waltraute en chargeant son cosmos, PAR LE CERCUEIL DE FLEURS !
  • - C'est inutile, fît Saya en esquivant les pétales électriques.

Saya de Zerëh esquiva de nouveau avec grâce les centaines de pétales qui jaillirent sur elle, les faisant faner un à un avec un grand plaisir, plaisir partagé par Waltraute, qui, d'un bond foudroyant, avait finalement réussi à frapper Saya en plein visage d'un magistral coup de pied retourné.

La Démone fût expulsée dans son marais, ricochant sur l'eau comme les pierres plates que l'on jette dans les rivières. Elle finît certainement sa course dans l'eau, car elle disparût dans la brume maussade de son marais avant qu'un "plouf !" ne se fasse entendre.

  • - Tu l'as pas volé celui-là, sale chienne !, lança Waltraute satisfaite d'avoir cloué le bec à cette sorcière.

Mais la sorcière eût tôt fait de réapparaître, et cette fois-ci son sourire s'était effacé de son visage. La brume du Marais se dissipa soudainement, tandis que Saya de Zerëh, la lèvre coupée par Waltraute sortît de l'eau crapoteuse de son marais en dévoilant enfin toute l'étendue de sa puissance. Son cosmos vrombit soudainement tel un vent furieux alors qu'une ombre noire recouvrît le corps de la Démone, dégageant une puissante aura obscure qui destabilisa la Daphné.

  • - Tu n'aurais pas dû me mettre en colère, Spectresse... maintenant tu vas souffrir beaucoup plus que prévu ! RECOIS LES SPORES DE CONTAMINATION PURULENTE !

Dans une vaste pièce faiblement éclairée, au centre de laquelle se trouvait un immense tombeau de marbre noir, jaillît soudain une lumière aveuglante. Le sol tremblait même sous le flash et la soudaine lumière qui illumina la pièce montra çà et là divers trésors, reliques et autres métaux précieux qui retrouvèrent leur éclat de jadis.

De cette lumière jaillît soudainement deux hommes, l'un portant une armure noire et se fracassant contre l'or du défunt Roi Perse enterré en ces lieux, l'autre tombant comme une masse sur le tombeau, le fracassant au passage sans pour autant que le cercueil à l'intérieur ne soit abîmé. L'homme, à l'armure violette fendue de toutes parts, tomba alors sur le côté.

  • - Q... Quelle force...

C'était la voix du Démon d'Asmodée, qui, se relevant avec difficulté, avançait doucement mais surement vers son ennemi. Le Démon n'avait jamais subi une telle attaque, et les conséquences en furent terribles. Son plastron était complètement disloqué par les coups de poings soniques du Spectre, tandis que son flanc gauche était gravement touché, du sang coulant de celui-ci avec sans doute une ou deux côtes fêlées par la même occasion.

Le visage de Gilgamesh même était marqué par de nombreux hématomes ainsi qu'une bouche en sang. Néanmoins, le Démon avait survécu à la destruction de sa dimension par le Spectre, ce qui ne semblait pas être le cas de celui-ci.

Allongé sur le sol, le Spectre n'émettait plus aucune énergie. Le Démon s'agenouilla alors auprès de lui pour vérifier son pouls, tout en constatant les dégâts qu'il avait causé dans la pièce même.

  • - Tu détruis une dimension ténébreuse entière, tu profanes la tombe du souverain Ohrmazd le Lumineux, le conquérant de la Perse Orientale, tu me mets dans un état lamentable et tu trouves encore le moyen de respirer !, s'exclama Gilgamesh, je comprends mieux pourquoi tu as été surnommé le Rédempteur de l'Epire ! Mais cette fois-ci c'est la fin, Spectre.

Gilgamesh tendît sa main comme une lame et la plongea alors dans le cou du Spectre. Mais une fois de plus, Ganymède esquiva l'attaque en émergeant de l'inconscience à vitesse grand V, bloquant le coup de son poing droit tout en frappant de sa jambe gauche le torse de Gilgamesh, le repoussant ainsi en arrière.

La Chimère se releva ensuite, mais plus difficilement que prévu. Gilgamesh bondît alors sur son adversaire, le plaqua au sol et commença à le rouer de coups de poings.

Ganymède en bloqua pourtant un et réussit à intervertir les rôles, Gilgamesh subissant à son tour les coups de poings spectraux. Mais cela ne fît qu'augmenter la colère du Démon qui réussit à charger sa cosmo-énergie obscure et à la faire exploser, projetant Ganymède contre le mur.

Le Démon de la Haine se releva en un instant et fît apparaître deux sabres obscurs dans sa main. Ganymède, lui, détourna un bref instant le regard et repéra deux sabres d'or parmi les différents trésors royaux. Gilgamesh fonça sur son adversaire mais ne réussit qu'à empaler le mur, tandis que Ganymède bondît sur les deux sabres, l'un recourbé, l'autre fin et plus droit avec une lame d'argent.

Le Spectre de la Chimère fît tournoyer les armes autour de lui à une vitesse incroyable, montrant qu'il maitrisait parfaitement l'art de l'épée. Les deux adversaires se jetèrent l'un sur l'autre sans en dire davantage.

Les coups d'épées pleuvaient dans le tombeau du défunt Roi Perse et les deux combattants, malgré leurs blessures, faisaient preuve d'agilité et de hardiesse inégalée. Néanmoins, au bout d'un moment, Ganymède commença à fatiguer et ses coups ralentirent légèrement, si bien que Gilgamesh prît le dessus. Le Démon réussit à désarmer Ganymède en fracassant le sabre d'or, tandis que Ganymède n'avait plus d'autre choix que de lutter avec le sabre d'argent.

Finalement, le Démon Gilgamesh tenta une feinte pour abattre son adversaire. Il leva sa lame gauche en l'air en faisant mine de frapper son adversaire verticalement, tandis que sa lame droite se tendît afin de pourfendre son adversaire.

Mais les choses ne se passèrent pas comme prévu, car la Chimère bloqua certes le coup vertical avec le sabre d'argent, mais son poing bloqua la lame droite du Démon grâce à une technique que Gilgamesh connaissait bien désormais.

  • - IMPULSION CHIMERIENNE !

Le Sabre obscur du Démon fût désintégré par le choc sonique qui fît dangereusement trembler les murs et vriller les piliers qui soutenaient la pièce. Gilgamesh fût expulsé quelques mètres plus loin sans pour autant quitter le sol, le Démon résistant à la force qui l'éloignait de sa proie.

Au contraire, le Démon d'Asmodée intensifia son cosmos de plus belle, décidé à ne pas lâcher le morceau si facilement. Un nouveau sabre vint remplacer celui disparu, tandis qu'une centaine d'autres jaillirent de parts et d'autres de la pièce, mais le cauchemar ne s'arrêtait pas là.

  • - TU BOUGES VITE, GANYMEDE !, hurla le Démon d'Asmodée de nouveau prit de furie. MAIS SAURAS-TU ESQUIVER MES SABRES ANCESTRAUX TENEBREUX ET LES AFFRES DE HAINE D'ASMODEE ????? NOUS ALLONS VOIR !!!!!

Aussitôt, le Démon d'Asmodée croisa les bras et baissa la tête, son cosmos devenant plus puissant et terrifiant que jamais. Une salve de globes de haine pure s'échappa de nouveau de son corps, rejoignant les Sabres obscurs qui tourbillonnait dans les airs.

Ce type est monstrueux, pensa Ganymède devant l'ampleur de l'attaque, il peut combiner et utiliser ses deux techniques en même temps !

  • - MEURS, CHIMERE !!!!!!!

Le temps se ralentit soudainement dans les yeux de Ganymède. Des faisceaux de lumière noire et des sabres obscurs lui jaillissaient dessus de tous les côtés, mais la Chimère restait concentré.

Ganymède concentra son cosmos, intensifiant son aura orangée en esquivant un premier sabre obscur qui lui frisait la tête, tandis que deux faisceaux de lumière noire furent évités de justesse par le spectre de la Bravoure.

Les poings de la Chimère se mirent à luire tandis que le Spectre courût vers Gilgamesh, esquivant deux nouveaux sabres tandis que six faisceaux de lumières le touchèrent de plein fouet. Mais Ganymède, serrant les dents, continua d'avancer vers son adversaire, les poings tendus.

Quatre sabres obscurs frappèrent alors Ganymède dans le dos et deux faisceaux noirs lui transpercèrent le bras droit. La Chimère intensifia pourtant son cosmos aussi haut qu'il pût et frappa le sol de toutes ses forces de son poing droit.

  • - IMPULSION CHIMERIENNE !!!

Un flash de lumière illumina de nouveau la salle funéraire, éparpillant dans les cieux les globes de haine et les sabres. Gilgamesh créa pourtant de nouveaux sabres et globes, résistant à l'effet d'expulsion de l'Impulsion Chimérienne. C'est alors qu'une silhouette apparût derrière Gilgamesh, qui sentît la présence ennemie trop tard.

Ganymède, profitant de la lumière aveuglante dégagée par son Impulsion Chimérienne, usa de son effet de propulsion pour passer derrière son adversaire, rebondissant sur le sol avant de frapper Gilgamesh de son poing gauche, qui avait déjà été chargé par Ganymède en énergie.

Le Démon de la Haine fût expulsé dans l'onde sonique de la première impulsion, hurlant de douleur ou de rage. La pièce fût quant à elle bien remuée, le tombeau d'Ohrmazd étant totalement brisé, laissant voir désormais un cercueil de bois orné d'argent et d'or. Le sol, quant à lui, fût complètement brisé, les pavés ovales où étaient gravées diverses arabesques ressemblaient désormais à un champ rocailleux, alors que les murs étaient lézardés de fissures et d'éclats de métal noir.

Empalé contre le mur, son armure en lambeaux, Gilgamesh d'Asmodée était immobile. Son plastron avait sauté sous le choc produit par Ganymède de la Chimère, mais le Démon, lui, n'était pas encore vaincu.

Gilgamesh avait les yeux entièrement noirs, son visage déformé par la Haine qui le rongeait, son cosmos enfermé dans son corps et n'attendant que son feu vert pour exploser, brûler et libérer tout son potentiel destructeur.

L'Amesha se dégagea du mur, tandis que Ganymède posa un genou à terre, épuisé. Le Spectre avait beau attaquer et attaquer sans cesse, il savait désormais que Gilgamesh ne jouait pas dans la même cour.

Les deux adversaires avaient en commun une rage de vaincre surdimensionnée et des techniques de combat à haut potentiel de destruction, mais Gilgamesh avait une résistance à toute épreuve, et Ganymède sentait que ses forces commençaient à l'abandonner.

"Ce type... est increvable..." pensa Ganymède en essuyant son front gorgé de sueur.

Le Démon d'Asmodée regardait le Spectre qui l'affrontait avec tant de force et de courage. Un sourire parcourut un instant son visage, un sourire de guerrier, un sourire de profond respect et de reconnaissance pour ce combat livré.

A cet instant, Gilgamesh semblait marqué par deux personnalités : l'une violente et sans pitié, l'autre teintée d'honneur et de bravoure. Ganymède se rappela alors les paroles d'Oroa sur les Ameshas, et sur le fait que les rétines noires marquaient la possession de l'Éon sur son utilisateur.

  • - Je dois avouer que tu m'impressionnes, Ganymède. Tu t'es battu comme un diable, mais c'est bientôt la fin. Tes réserves de cosmoénergie seront bientôt épuisées je le sens. Pour ma part, elles n'ont pas de limites. La Haine est ce qui m'a rendu fort. Grâce à elle, j'ai pu me battre quasiment sans interruption, massacrer des dizaines de milliers de soldats, repousser des armées entières, et ce par la seule force de la Haine.
  • - Je ne crois pas que la Haine t'aura mené à grand chose, Gilgamesh ! Moi je me bats pour Hadès ! Et pour les gens que nous protégeons par-delà la mort et ceux qui vivent dans son royaume terrestre ! Je me bats avec mon cœur et avec mes tripes, avec courage et bravoure, et dans un but précis ! Toi, Gilgamesh, tu ne te bats que par éclat de violence et de colère, par soif de sang, et seulement dans ton propre intérêt !
  • - Tu as tort, Ganymède. Nous ne sommes pas très différents toi et moi. Tu as tué. J'ai tué. Et tous deux dans un but précis. Mais moi je laisse parler la haine, toi tu la terres au fond de ton âme.
  • - C'est faux !, s'exclama la Chimère, nulle haine ne vient polluer mon cœur, car je suis le bras armé d'Hadès, j'agis en son nom, pour le maintien de son ordre et de sa doctrine dans ce monde !
  • - Balivernes, trancha sèchement le Démon d'Asmodée. Les hommes se crèvent les yeux en disant de telles bêtises. Nous sommes avant tout des créatures crées par les Dieux, Ganymède. Et crois-tu qu'ils nous aient créés différemment des bêtes sauvages ? Non, nous avons les mêmes instincts qu'eux, les mêmes pulsions, et l'une d'elle est la haine. Nous l'avons tous en nous, nous la cachons tous au plus profond de nous, mais Ahriman m'a permis de la libérer en m'offrant cet Éon.
  • - Et crois-tu en être le maître ?, demanda Ganymède déterminé à convaincre Gilgamesh. Tes yeux obscurs sont la marque de possession de ton Éon ! Il te corrompt l'esprit plus qu'il ne l'améliore avec sa Haine !
  • - Il ne corrompt rien du tout, Ganymède, fît Gilgamesh d'un ton extrêmement calme, ne comprends-tu pas que l'Éon n'agit pas à sa guise sur moi ?
  • - Que dis-tu ? Tu accepterais que l'Éon te domine ?
  • - L'Éon ne prend le contrôle que des esprits faibles. J'ai ma fierté de guerrier et un moral d'acier, Spectre. L'Éon me donne ce dont j'ai besoin pour me battre et en retour je le laisse parasiter mon esprit. Mais ma raison, elle, est encore intacte.
  • - Alors pourquoi fais-tu cela ? Pourquoi te bats-tu pour Ahriman ?
  • - Je me bats pour Ahriman car il est celui qui va faire de l'Empire Perse le plus vaste et le plus prospère Empire du Monde. Grâce à lui, nous envahirons la Grèce qui nous a trop longtemps défiés et nous ferons la main basse sur leurs richesses.
    Nous mettrons fin à l'égérie des Olympiens et unirons les peuples sous la bannière noire d'Ahriman, symbole du renouveau et de la renaissance de ce monde par les Ténèbres.
  • - Je ne te laisserai pas faire, Démon, déclara Ganymède en se relevant. Et avant la fin de ce combat, je te montrerai que le courage est plus fort que la Haine !

Waltraute hurla de douleur au contact des spores noirs qui brûlaient sa peau et tentaient de percer son armure. Les spores, dirigés par une Démone de Zerëh riant aux éclats, avaient en outre la faculté de s'étendre sur les membres de la jeune femme telle de la mousse putride. Tout le corps de la Spectresse fût bientôt clairsemé d'une mousse verdâtre extrêmement corrosive qui attaquait ses bras, ses jambes et son torse.

  • - AHAHAHAHAHA ! D'abord ton corps, ensuite ton visage, ma jolie ! Tu vas être défigurée par ces spores puis, peu à peu, tu seras changée en cadavre putride !
  • - NE COMPTE PAS LA-DESSUS !, hurla Waltraute en bravant la douleur, JE VAIS TE FAIRE LACHER TES SPORES, SORCIERE ! PAR LA VIOLENTE AGONIE DE DAPHNE !!!

Aussitôt, Waltraute tendît la main le haut et fît jaillir une bourrasque de pétales d'un blanc immaculé, chargées en cosmo-énergie. La Daphné effectua alors une sorte de danse, les pétales suivant les mouvements de la Spectresse sous les yeux émerveillés de Saya.

Pourtant, le visage de Waltraute prît soudain une profonde expression de colère, tandis que les pétales de fleurs semés par la jeune femme se projetaient à une vitesse incroyable sur le corps de Saya de Zerëh.

  • - Oh, bien joué, tu as réussi à me toucher avec ces... choses ! Mais cela ne les fera que faner plus vite !

Saya de Zerëh tenta alors de déloger un pétale qui s'était collé sur son front mais ne reçût qu'une violente décharge électrique en retour. La Démone constata alors que chaque pétale était disposé à un point précis de son anatomie.

  • - Chaque pétale est disposé sur une terminaison nerveuse particulièrement sensible, trente-trois au total, expliqua Waltraute.
  • - Et en quoi cela peut-il m'intéresser ?, rétorqua Saya énervé que des "horreurs" pareilles se collent ainsi à elle.
  • - Tu ne vas pas tarder à t'en rendre compte, souri la Daphné de ses yeux violacés.

C'est alors que la Daphné, en tendant le bras droit vers Saya, fît apparaître un arc électrique violet lié à elle par les pétales. La jeune femme intensifia alors son cosmos et libéra un puissant éclair violet qui, transmis à Saya par les pétales, la mît à genou et la fît hurler de douleur.

Saya de Zerëh tenta alors par tous les moyens de retirer les pétales, mais rien à faire, aucun d'entre eux ne voulait s'en aller. Les éclairs de la Daphné devinrent dès lors de plus en plus intenses au fur et à mesure que celle-ci intensifiait sa cosmoénergie.

Mais soudain, Saya de Zerëh, posant ses mains sur le sol fétide du marais, réussit à créer un mur de terre entre les pétales blancs et Waltraute, coupant ainsi le contact électrique entre la Daphné et ses pétales de fleurs.

La démone de Zerëh jaillit alors de cette protection temporaire, libéré de tous les pétales et empoigna Waltraute par la nuque, la soulevant dans les airs. Les Spores de Contamination Purulente recommencèrent alors leurs effets destructeurs directement depuis la main de la Démone, qui prît un malin plaisir à voir souffrir la Spectresse de l'Agonie.

  • - Cette fois-ci, c'est la fin, Waltraute de la Daphné, tes pétales ne t'aideront plus cette-fois-ci, tes espoirs vont s'évanouir en même temps que ta vie va disparaître. Tu n'as pas su saisir la chance que je t'avais offerte et, maintenant, ta mort n'en sera que plus douloureuse, MA JOLIE.

Pour Waltraute, s'en était trop. N'allait-elle qu'échouer dans sa vie ? N'allais-t-elle que connaître défaite et souffrance ? Oh, et puis après tout, elle reverrait son amour de l'autre côté du Styx, elle pourrait l'enlacer autant qu'elle le voudrait, vivre sa vie auprès de lui, pour toute l'éternité...

  • - Mais l'acceptera-t-il ?, fît soudain une voix féminine dans sa tête.
  • - Qui es-tu ?, demanda Waltraute par le biais de son esprit.
  • - Je suis la Daphné, ton surplis, répondit la voix douée d'une sérénité incroyable, et je risque également ma vie pour te protéger. Crois-tu pouvoir baisser les bras aussi facilement ? Crois-tu que Lokus accepterait de te regarder en face alors que tu baisses les bras aussi facilement ?
  • - Tu... tu as raison..., fît Waltraute à voix basse.
  • - Que dis-tu, Spectresse ?, demanda Saya de Zerëh.
  • - JE VAIS ME BATTRE !

Aussitôt, la Spectresse de l'Agonie lança un coup de genou dans la hanche de son adversaire, qui lâcha aussitôt la jeune femme qui se jeta sur la Démone. Waltraute passa à tabac Saya de Zerëh en la martelant de coups de poings telle une furie furieuse, frappant n'importe où et n'importe comment mais en réussissant à faire saigner du nez la Démone.

Néanmoins, le cosmos noirâtre de la guerrière Perse s'empara aussitôt d'elle et recouvrît son corps d'un halo noir, projetant Waltraute dans les airs. La Démone se lança alors sur Waltraute, projetant une nouvelle fois ses fameux spores.

Mais cette-fois-ci, le cosmos de la jeune femme éclata au grand jour, et un arc électrique violet entoura la Spectresse qui libéra sa cosmo-énergie foudroyante, empêchant ainsi les Spores de la toucher, ceux-ci se faisant griller au contact d'une telle énergie, intensifiée qui plus est par le milieu humide dans lequel se trouvait la jeune femme.

L'électricité qu'elle produisait se retrouva ainsi à circuler dans le marais, créant ça et là de l'électricité statique et mettant à mal la Démone de Zerëh, qui comprît que la Daphné s'était libérée, et que, le terrain était désormais passé à son avantage.

La Démone intensifia de nouveau son cosmos obscur, se préparant à court-circuiter la Spectresse qui lui faisait face.

  • - TU VEUX TE BATTRE ???? DANS CE CAS, ESSAIE DE LUTTER CONTRE CA ! PAR L'EPIDEMIE FATALE DE ZERËH !!!!!!!!!

Le cosmos de la Démone explosa soudainement autour d'elle, libérant une sorte de brume noire remplie d'énergie négative. A son contact, les rares plantes du Marais furent réduites en poussière tandis que le sol noircit à son contact. L'eau devint acide, faisant fondre les nénuphars flottant à sa surface ainsi que les quelques cadavres qui dépassaient de l'eau, qui devenait à son tour entièrement noire et dépourvue de vie, atteinte de la plus terrible maladie qui soit : la Mort.

Waltraute comprît très vite que ce brouillard ne devait pas l'atteindre et recula de plusieurs mètres en arrière pour ne pas être touchée. Mais la brume qui entourait Saya semblait douée d'une volonté propre, ou plutôt, animée par la volonté même de l'Amesha de la Maladie.

C'est ainsi que la fumée noire fondît sur la Spectresse à une vitesse incroyable, qui n'eût d'autre choix que de courir pour éviter que la brume ne la consume. Le marais commença ainsi à être la proie de sa propre créatrice, obnubilée par la Spectresse qu'elle pourchassait, cherchant à la tuer, à la rendre malade, et ainsi à la faire sienne, comme tous les imprudents qui l'avaient affrontée par le passé.

  • - Cette brume ténébreuse représente la plus puissante technique de Zerëh, Waltraute ! Tu auras beau courir, et courir, tu n'y échapperas pas ! Une fois prise au piège dans ce souffle de mort, tes organes internes vont se rétracter et libérer tout leur sang, tandis que ta fièvre va grimper en flèche et te faire bouillonner le cerveau ! Tu seras morte en quelques minutes Waltraute et tu faneras comme la fleur que tu incarnes !

La Spectresse de la Daphné avait beau courir vite, la brume qui la poursuivait gagnait du terrain tout en polluant celui-ci, transformant ce marais déjà insalubre en un véritable enfer pour tout être vivant.

Waltraute sautait entre les arbres, évitant les zones d'eaux stagnantes qui pourraient la ralentir, accélérant la cadence, courant sans cesse dans ce marais sans fin. Pourtant, la brume finit par se scinder en deux, accélérant l'allure, jusqu'à finalement réussir à entourer Waltraute qui s'immobilisa, piégée par la Démone de Zerëh.

La brume s'arrêta elle aussi, immobile, bien que le sol noircissait sous les pieds de la jeune Spectresse et que celle-ci pouvait sentir l'odeur effroyable que dégageait cette fumée ténébreuse, en sachant que si elle devait se retrouver à l'intérieur, elle en mourrait sûrement.

Pourtant, l'Amesha de la Maladie apparût devant la Daphné, traversant ce rideau maléfique sans en subir la moindre conséquence physique. La Démone souriait à Waltraute d'un air on ne peut plus satisfaite. Elle tenait enfin la guerrière du Sombre Monarque entre ses mains... Qu'allait-elle devenir ?


Dans le tombeau d'Ohrmazd le Lumineux, l'Étoile Terrestre de la Bravoure brillait de tout son éclat. Ganymède, le Spectre de la Chimère, avait son cœur qui battait à tout rompre, injectant dans ses muscles l'adrénaline nécessaire à sa plus puissante attaque.

Une aura orange, violente, tourbillonnant dans les airs et autour du corps du guerrier, rompant de nouveau le sol sous le guerrier du Sombre Monarque, s'était emparée des lieux. Mais face à cette force spectrale, une puissante aura ténébreuse se dressait peu à peu, gonflée de haine et d'énergie maléfique.

  • - PAR LE SUPREME COURROUX DES ABYSSES !!!, hurla Gilgamesh le premier.

Ganymède n'eût guère le temps d'effectuer un seul mouvement d'attaque, car le sol, les murs et le plafond de la pièce se mirent à trembler devant l'ampleur de l'assaut du Démon.

La Chimère vît alors se créer autour de lui et du Démon un énorme globe de haine pure de la circonférence d'au moins deux fois la pièce, un globe qui réduisit en poussière toute forme solide en son sein, sauf Ganymède et Gilgamesh.

Le Démon changea soudainement d'apparence, sa peau se noircissant sous le contact de faisceaux de lumière noire tandis que Ganymède se fît transpercer de toutes parts par ces rayons destructeurs, qui passèrent à la fois à travers son surplis et sa chair pour frapper directement son âme et son cœur.

Le Spectre vît alors, de ses yeux vrillés par la douleur, que Gilgamesh, en plus d'être devenu entièrement corrompu par son Éon, avait doublé de taille et sa musculature avait également triplé de volume. Son armure semblait s'être insérée directement dans sa chair tandis que des cornes de bélier avaient jaillies de son front, ses yeux étaient devenus rouges tandis que des pics avaient surgis de ses bras puissants, et de ses mains de puissantes griffes pareilles à des sabres obscurs.

Ganymède comprît alors que Gilgamesh avait offert son corps au Démon enfermé dans son armure, et celui-ci se fît un malin plaisir à se jeter sur sa proie.

La Chimère, abattu d'une simple flèche par le héros Bellérophon selon la légende, fût ici massacrée par d'effroyables coups de griffes, de cosmos et de rayons ténébreux. Ganymède hurlait de douleur, subissant les coups qui tailladaient son esprit, tandis que les rayons et la pression qui montaient en flèche dans ce globe infernal, détruisaient peu à peu le corps du Spectre, broyant ses os petit à petit.

Pourtant, alors même que son corps et son esprit partaient en lambeaux, une partie inconsciente du cerveau du Spectre restait tenace, celle de ses souvenirs. Ganymède se revît 10 ans en arrière, au bord d'une rivière, jouant avec son ami de toujours à nager le plus vite.

  • - Allez, Drixos ! Viens voir comme elle est bonne !
  • - J'arrive Nergal, j'arrive...
  • - Qu'y a-t-il ?
  • - Il y a que je ne sais pas nager aussi bien que toi, et qu'à tous les coups tu vas réussir une fois de plus à me battre.
  • - Et alors ?, souriait le jeune Rat, tu ne me battras pas si tu n'essaies pas ! Je vais te dire quelque chose mon ami. Pirithos, lui, me défie au corps-à-corps de plus en plus souvent, et pour tout te dire, si cet idiot se fait rétamer à chaque fois, j'ai de plus en plus de mal à le mettre à terre, et il se peut qu'il réussisse un jour à me battre !
  • - Tu dis n'importe quoi, souri Drixos, il n'a pas le niveau pour être Spectre, comment pourrait-il te battre ?
  • - Il a ce que la plupart d'entre nous n'ont pas et que tu as aussi : du courage. Il se bat sans arrêt, s'entraîne deux fois plus que nous, mange peu, se bat à la limite de la mort et il trouve le moyen de progresser !
  • - Tu as sans doute raison, concéda Drixos en souriant.

Puis soudainement, souvenirs et inconscient se mêlèrent, et Drixos se revît avec un Nergal du Rat en armure, rayonnant et fier.

  • - Tu as réussi à nager plus vite que moi ce jour-là, Drixos, alors pourquoi ne réussirais-tu pas à battre ce Démon ? Tu es l'incarnation même de la Bravoure, et tu n'as jamais lâché quoique ce soit...
  • - Et que me conseilles-tu de faire, mon ami ? Je vais bientôt mourir te rejoindre...
  • - Alors rejoins-moi par la grande porte, et libère l'esprit de la Chimère !

Puis, ce fût le retour à la réalité, le Démon Asmodée se délectait à regarder les blessures de son adversaire. La victoire lui semblait acquise, mais soudain, une intense lumière orange apparût autour du corps de la Chimère. Ses yeux devinrent ceux d'un fauve, tandis que derrière lui apparût une créature mythologique, un lion à deux têtes, l'une de chèvre, l'autre celle du fauve, et avec une queue de dragon.

La créature rugit de sa voix inhumaine, faisant reculer le Démon d'Asmodée, qui reprît sa forme humaine, ou plutôt qui laissa Gilgamesh réintégrer son corps. Le guerrier Perse resta bouche bée devant l'intensité du cosmos de son adversaire, se demandant comment faisait-il pour faire brûler sa cosmoénergie à un tel degré de puissance alors qu'il était quasiment mort.

  • - IL EST TROP TARD, CHIMERE ! TA MORT EST SCELLEE !
  • - LA TIENNE AUSSI, GILGAMESH ! JE MOURRAI EN T'EMPORTANT AVEC MOI ! MORT SUBITE DE LA CHIMERE !!!!!

L'aura du Spectre s'empara peu à peu du globe créé par Gilgamesh, faisant lentement fissurer ses rebords comme du verre. Gilgamesh concentra de nouveau son cosmos et tendît sa main pour se préparer à faire face à l'attaque de la Chimère.

Mais le corps de la Chimère disparût soudainement, laissant place à une incroyable onde de choc qui, lentement mais intensément, détruisît le globe de Haine et submergea Gilgamesh d'Asmodée.

Quelle puissance !, pensa-t-il, je ne vais pas pouvoir l'arrêter.

L'esprit de la Chimère fonça alors sur Gilgamesh, et le transperça d'un coup unique, libérant par la même occasion une formidable explosion. La pièce entière fût réduite en poussière, Ohrmazd et tous ses trésors furent annihilés pour toujours. Le plafond de la pièce et de toutes les pièces au-dessus furent alors avalés par un formidable tourbillon de lumière orange, tourbillon qui éclata dans le ciel obscur sous la forme d'une Chimère fluorescente, rugissante et fière.

Il ne restait plus rien dans les parages, hormis un cercle de terre au centre de l'ancienne pièce et sur lequel reposait deux armures, l'une noire, l'autre bleu foncé, bardée de teintes violettes : l'Éon du Démon d'Asmodée, représentant un être féroce et sans cœur, pourvu de crocs, griffes, cornes et pattes de dragon, tandis qu'en face reposait majestueusement le surplis brisé de la Chimère.

Les deux armures se faisant face étaient encore habitées par l'esprit des deux guerriers qui s'étaient affrontés, montrant leur volonté de vaincre et la suprématie du vainqueur. En effet, peu de temps après, l'Éon d'Asmodée disparût, s'évaporant dans les airs, tandis que le Surplis de la Chimère resta digne, debout, incarnant la bravoure de son porteur qui n'hésita pas à se sacrifier pour protéger les siens, honorer son Dieu Hadès, et vaincre le plus puissant guerrier que la Perse ait jamais portée...