Dans le chemin qui mène à la dimension de la Maladie, Waltraute de la Daphné, l'Étoile Terrestre de l'Agonie marche silencieusement, malgré les larmes qui coulent le long de ses joues.
Le seul homme qu'elle ait jamais aimé était parti de l'autre côté du Styx, sacrifiant sa vie pour protéger l'humanité des Ameshas et de la tyrannie de leur Seigneur Ahriman. Depuis, la jeune femme, avait terré son chagrin au plus profond d'elle-même, mais devant la solitude et l'incertitude de survivre, la Spectresse laissait éclater sa peine au grand jour.
Elle se rappelait de leur rencontre, lors de l'Ascension des Enfers qui avait vu Lokus devenir Spectre d'Hadès. Un beau jeune homme aux cheveux châtains et au regard malicieux, avec pourtant une étrange sérénité dans sa voix et un sang-froid à toute épreuve.
Il lui avait parlé de lui après sa victoire, car étrangement, dès que leurs regards s'étaient croisés, ils ne s'étaient plus jamais quittés. Waltraute était arrivée depuis peu, et encore c'était contre son gré ! Son père, le Roi Orios, était le souverain de la cité de Thanatopolis, une petite ville située à la frontière de l'Epire et protégée par les Spectres d'Hadès depuis des siècles.
La jeune fille, à sa naissance, était déjà différente des autres. Ses cheveux bleus faisaient d'elle une enfant à part, et les événements futurs ne firent que confirmer cet état de fait. Véritable garçon manqué, Waltraute préférait les armes des soldats aux joujoux pour enfants et autres bijoux pour jeunes filles.
Un jour, la jeune femme, alors âgée de 16 ans, prise dans une violente dispute avec son père qui lui reprochait ses tendances guerrières, frappa de rage un pilier du palais qui fût brisé en deux sous le choc, et un éclair entoura la jeune femme, devenue soudainement incontrôlable.
Waltraute aurait tué son propre père si un Spectre d'Hadès n'était pas intervenu. Ce spectre, c'était Nikiolas du Wyvern. L'Oracle prît en charge de lui-même la formation de la princesse et proposa à son père de faire d'elle un Spectre d'Hadès, ce qu'accepta le Roi.
Waltraute partît alors de sa terre natale contre son gré, et les entraînements auxquels elle fût astreinte ainsi que la difficulté d'être une femme Spectre eurent tôt fait d'entacher son moral. Mais Lokus avait tout changé, et elle s'était alors jurée de gagner la prochaine Ascension des Enfers pour parler à ce Spectre d'égal à égal.
Seulement, les choses ne s'étaient pas passées comme prévu, et il avait fallu qu'un invité de dernière minute, un sale gnome rouge du nom de Gladius lui vole son opportunité et le surplis par la même occasion... C'est du moins ce qu'elle croyait car le Surplis de la Daphné s'était finalement manifesté de lui-même pour adouber la Spectresse.
Aujourd'hui, Lokus n'était plus là, mais le mal qu'il voulait éradiquer restait. C'est pourquoi Waltraute essuya ses larmes et accéléra l'allure de sa marche, décidée à venger son bien-aimé en emportant l'Amesha qui lui ferait face, quitte à rejoindre l'ex-Panthère dans la tombe en emportant son adversaire avec elle.
Allongé sur le sol glacé de la dimension de la Haine, la Chimère regardait la voûte obscure de ce monde créé à l'image des Ténèbres. Un monde sans vie et sans couleur, un monde sans en être un.
Ganymède ne sentait plus ses membres, et n'entendait même plus son cœur battre. Ses oreilles ne lui rendaient aucun bruit, son nez aucune odeur. Seuls ses yeux semblaient fonctionner, alors même que son cosmos s'était fait aspirer par les sabres de Gilgamesh, qui le lui avait bien rendu.
Le Spectre de la Chimère sentait du sang couler sur sa peau et une douleur intense lui parcourait le corps, ravageant chaque partie de celui-ci. Peut-être étaient-ce des effets secondaires des coups de sabres du Démon. Le Spectre avait combattu de toutes ses forces et la puissance de Gilgamesh ne faisait aucun doute. Un guerrier tel que lui ne pouvait donc être vaincu si facilement.
Le Spectre de la Chimère vît soudain une ombre au-dessus de lui et pût constater que le Démon d'Asmodée était à ses côtés. Ses oreilles entendirent les paroles de l'Aurore Ténébreuse, des paroles qui lui parurent lointaines, comme si celui-ci murmurait à une centaine de mètres de là.
Le Démon d'Asmodée fît alors apparaître un nouveau sabre noir qu'il tendît vers le ciel, la lame prête à pourfendre le cœur de la Chimère, qui ne pouvait même plus bouger un doigt. Était-ce ainsi qu'il allait finir ses jours ? Était-ce ainsi que Ganymède allait venger Nergal, son ami de toujours ?
L'arme du Démon s'abattît pourtant sur le Spectre de la Chimère, un coup monstrueux qui fît trembler le sol, qui se déchira même sous la force projetée contre lui. Pourtant, une main s'était levée, une main avait bloqué la lame. Et sur cette main, l'index levé, une force cachée dans le cœur de Ganymède éclata au grand jour : la force de l'amitié.
De l'index du Spectre jaillit la lumière rédemptrice, la lumière de la bravoure qui fracassa l'arme de Haine de Gilgamesh et l'expulsa de nouveau dans les airs. Mais c'était la troisième fois que Gilgamesh subissait cette attaque, et il n'eût aucun mal à se rééquilibrer au milieu du ciel obscur, étant néanmoins surpris du soudain rétablissement de son adversaire.
Il fût encore plus surpris lorsque celui-ci se projeta sur lui et lui administra une seconde impulsion chimérienne, puis deux, puis trois. Le Spectre de la Bravoure usait de sa technique à répétition, frappant son adversaire de coups de poings soniques projetés à une telle vitesse et à une telle cadence que chaque Impulsion Chimérienne n'était en fait que l'émergence d'une technique beaucoup plus destructrice, constituée d'une centaine d'impulsions.
Le Spectre de la Chimère forma une boule d'énergie orange qu'il administra en pleine poitrine de son adversaire, qui réussit cependant à bloquer l'attaque avec son bras. Une centaine d'Impulsions Chimériennes furent soudainement libérées en même temps, si bien que l'explosion sonique qui en résulta fissura même le ciel, les rochers s'unissant les uns aux autres tandis que Gilgamesh tomba sur l'un d'entre eux.
Un tourbillon noir prît alors place dans la dimension de la Haine et l'ensemble de celle-ci disparût en un instant, faisant soudainement s'évanouir dans les airs les deux combattants enfermés à l'intérieur.
Waltraute de la Daphné arriva finalement à destination : la Dimension de la Maladie. Un endroit nauséabond, semblable à un marais, où de nombreuses vapeurs pestilentielles recouvraient les étendues d'eau verdâtre du lieu. Ca et là, quelques mottes de terre flottaient dans cette surface de liquide croupissant, où l'on trouvait parfois quelques crânes d'hommes et de bêtes, sans oublier l'odeur fétide qui allait avec.
Pourtant, au milieu de cette étendue maladive, une femme d'une rare beauté se tenait entre des lianes d'arbres à moitié morts, respirant avec délectation l'odeur de ce marais ténébreux.
Contrairement à Waltraute, ses cheveux étaient assez courts, ne tolérant que quelques mèches de cheveux mi-longs sur le côté et derrière la nuque. Ses yeux, d'un noir couleur d'ébène qui ne reflétait aucune lumière, marquaient irrémédiablement son appartenance à Ahriman, tout comme l'armure suggestive qu'elle portait.
Elle arborait ainsi une sorte de tiare sur ses cheveux qui recouvrait son front et ses tempes, tandis que son plastron était constitué de mains dotées de longues griffes protégeant sa poitrine. Ses côtes étaient harmonieusement occupées par des courbes métalliques s'apparentant à ses tissus musculaires, tout comme ses épaulières et ses gantelets. Ses jambières étaient, quant à elles, constituées d'une sorte de peau noire métallique d'où sortait des veines obscures.
Le tout était également parsemé de centaines de pupilles gravées dans le métal de l'Éon, pupilles ressemblant trait pour trait à des yeux humains, et dessinées avec une grande finesse.
C'est alors que Waltraute sentît ses pieds s'embourber dans le sol vaseux du marais. La Spectresse tenta de retirer ses jambes, mais c'était comme si le sol l'empêchait de bouger. La jeune femme s'enfonçait peu à peu dans le marais ténébreux, et sentît qu'un cosmos obscur était à l'œuvre et s'en prenait à elle par le piège des sables mouvants.
La Spectresse sentît la moutarde lui monter au nez au moment même où elle sentît le sol au niveau de son menton. La Spectresse intensifia alors son cosmos, ses cheveux bleus virèrent au violet tandis que des éclairs de la même couleur parcoururent le sol.
Le sol vaseux explosa soudainement, libérant une incroyable quantité de terre, d'eau et d'autres insectes gluants de toutes sortes, dont un énorme lombric qui finît sa course dans les cheveux de la Démone, qui l'enleva non sans échapper quelques hurlements.
Un cratère prît alors place à l'endroit où Waltraute se tenait debout, ses yeux bleutés gagnant peu à peu leur teinte violette. En face d'elle, la Démone sentît la colère monter en elle, une colère qui la rendît un peu plus crédible et effrayante.
Le corps majestueux de l'Amesha se couvrît soudainement d'une enveloppe de vapeur d'ombre, ne laissant voir que sa tête, ses mains et ses jambes. Waltraute ressentît alors le cosmos de Saya augmenter de plus en plus, tandis que ses bras s'écartèrent vers l'arrière, et que la Démone prît une position de charge.
Les yeux de la Démone devinrent rouges au moment où les bras de Saya se refermèrent sur elle-même, la Démone prenant une pose d'étranglement. Waltraute se sentît soudainement élevée dans les airs par le cou, tandis qu'une sorte de cocon noir se forma autour d'elle. La jeune femme peinait de plus à plus à respirer alors que, paradoxalement, elle sentait très bien la profonde odeur nauséabonde qui envahissait son nez, mélange de chair humaine crue et de tripes d'animaux pourris. La Spectresse en eût un haut le cœur, et rapidement une profonde envie de vomir.
Waltraute aurait bien voulu faire taire ce petit minois un brin cruel, mais rien ne pouvait sortir de sa nuque, et si elle n'agissait pas très vite, elle allait sans doute mourir. La Spectresse se concentra donc sur l'odeur affreuse qu'elle sentait et qui lui donnait de profondes nausées.
La Spectresse pensa alors fort à Lokus de la Panthère, en particulier à l'odeur de sa peau si douce, semblable à du jasmin ou à des olives tout juste cueillies dans le soleil couchant de la Méditerranée.
L'odeur nauséabonde disparût peu à peu de l'esprit de la Daphné, ne laissant place qu'à une douce odeur d'amour qui éradiqua les nausées. La jeune femme intensifia alors son cosmos foudroyant et, malgré l'étranglement de Saya, réussît à murmurer :
Aussitôt, une nuée de pétales de leurres jaillit du corps de la Spectresse et transperca le halo noir de la Démone. Les pétales se dirigèrent alors sur la Démone, qui, ne voulant pas être touchée par ce qui devait lui sembler être des horreurs, recula avec une vitesse incroyable et, d'un seul geste du bras, écarta les pétales électriques tout en les faisant faner de son cosmos ténébreux.
Néanmoins, l'attaque de la Daphné avait destabilisé la Démone dans son contrôle mental et la Spectresse avait désormais la nuque libérée de toute contrainte. Elle en profita pour respirer un grand bol d'air du marais, même si cet air n'était pas très sain.
D'ailleurs, Waltraute toussa un long moment avant de finalement calmer sa toux. La Démone, quant à elle, la regardait, admirative et presque fascinée par cette fleur qui résistait à son monde de maladie.
Une rafale de pétales électriques jaillît du bras droit de la Daphné et se précipita sur Saya de Zerëh, qui n'eût pourtant aucun mal à l'esquiver. La jeune guerrière Perse semblait danser dans les airs en évitant chaque pétale, tout en les effleurant du doigt avec son cosmos morbide, faisant faner les pétales de la Spectresse les uns après les autres.
Les coups déferlèrent alors sur Saya de Zerëh qui n'eût pourtant aucun mal à esquiver les attaques de la jeune Spectresse, les esquivant avec une telle aisance et une telle facilité que celle-ci souriait presque à son adversaire à chaque fois que celle-ci ratait son attaque.
Qui plus est, l'Étoile Terrestre d la Daphné n'arrêtait pas de se dépenser et d'attaquer son adversaire avec toute la hargne qu'elle pouvait offrir, mais sa vision devenait étrangement floue et la jeune femme se sentît tout d'un coup fiévreuse, ce qui lui fît ralentir ses assauts.
Saya de Zerëh esquiva de nouveau avec grâce les centaines de pétales qui jaillirent sur elle, les faisant faner un à un avec un grand plaisir, plaisir partagé par Waltraute, qui, d'un bond foudroyant, avait finalement réussi à frapper Saya en plein visage d'un magistral coup de pied retourné.
La Démone fût expulsée dans son marais, ricochant sur l'eau comme les pierres plates que l'on jette dans les rivières. Elle finît certainement sa course dans l'eau, car elle disparût dans la brume maussade de son marais avant qu'un "plouf !" ne se fasse entendre.
Mais la sorcière eût tôt fait de réapparaître, et cette fois-ci son sourire s'était effacé de son visage. La brume du Marais se dissipa soudainement, tandis que Saya de Zerëh, la lèvre coupée par Waltraute sortît de l'eau crapoteuse de son marais en dévoilant enfin toute l'étendue de sa puissance. Son cosmos vrombit soudainement tel un vent furieux alors qu'une ombre noire recouvrît le corps de la Démone, dégageant une puissante aura obscure qui destabilisa la Daphné.
Dans une vaste pièce faiblement éclairée, au centre de laquelle se trouvait un immense tombeau de marbre noir, jaillît soudain une lumière aveuglante. Le sol tremblait même sous le flash et la soudaine lumière qui illumina la pièce montra çà et là divers trésors, reliques et autres métaux précieux qui retrouvèrent leur éclat de jadis.
De cette lumière jaillît soudainement deux hommes, l'un portant une armure noire et se fracassant contre l'or du défunt Roi Perse enterré en ces lieux, l'autre tombant comme une masse sur le tombeau, le fracassant au passage sans pour autant que le cercueil à l'intérieur ne soit abîmé. L'homme, à l'armure violette fendue de toutes parts, tomba alors sur le côté.
C'était la voix du Démon d'Asmodée, qui, se relevant avec difficulté, avançait doucement mais surement vers son ennemi. Le Démon n'avait jamais subi une telle attaque, et les conséquences en furent terribles. Son plastron était complètement disloqué par les coups de poings soniques du Spectre, tandis que son flanc gauche était gravement touché, du sang coulant de celui-ci avec sans doute une ou deux côtes fêlées par la même occasion.
Le visage de Gilgamesh même était marqué par de nombreux hématomes ainsi qu'une bouche en sang. Néanmoins, le Démon avait survécu à la destruction de sa dimension par le Spectre, ce qui ne semblait pas être le cas de celui-ci.
Allongé sur le sol, le Spectre n'émettait plus aucune énergie. Le Démon s'agenouilla alors auprès de lui pour vérifier son pouls, tout en constatant les dégâts qu'il avait causé dans la pièce même.
Gilgamesh tendît sa main comme une lame et la plongea alors dans le cou du Spectre. Mais une fois de plus, Ganymède esquiva l'attaque en émergeant de l'inconscience à vitesse grand V, bloquant le coup de son poing droit tout en frappant de sa jambe gauche le torse de Gilgamesh, le repoussant ainsi en arrière.
La Chimère se releva ensuite, mais plus difficilement que prévu. Gilgamesh bondît alors sur son adversaire, le plaqua au sol et commença à le rouer de coups de poings.
Ganymède en bloqua pourtant un et réussit à intervertir les rôles, Gilgamesh subissant à son tour les coups de poings spectraux. Mais cela ne fît qu'augmenter la colère du Démon qui réussit à charger sa cosmo-énergie obscure et à la faire exploser, projetant Ganymède contre le mur.
Le Démon de la Haine se releva en un instant et fît apparaître deux sabres obscurs dans sa main. Ganymède, lui, détourna un bref instant le regard et repéra deux sabres d'or parmi les différents trésors royaux. Gilgamesh fonça sur son adversaire mais ne réussit qu'à empaler le mur, tandis que Ganymède bondît sur les deux sabres, l'un recourbé, l'autre fin et plus droit avec une lame d'argent.
Le Spectre de la Chimère fît tournoyer les armes autour de lui à une vitesse incroyable, montrant qu'il maitrisait parfaitement l'art de l'épée. Les deux adversaires se jetèrent l'un sur l'autre sans en dire davantage.
Les coups d'épées pleuvaient dans le tombeau du défunt Roi Perse et les deux combattants, malgré leurs blessures, faisaient preuve d'agilité et de hardiesse inégalée. Néanmoins, au bout d'un moment, Ganymède commença à fatiguer et ses coups ralentirent légèrement, si bien que Gilgamesh prît le dessus. Le Démon réussit à désarmer Ganymède en fracassant le sabre d'or, tandis que Ganymède n'avait plus d'autre choix que de lutter avec le sabre d'argent.
Finalement, le Démon Gilgamesh tenta une feinte pour abattre son adversaire. Il leva sa lame gauche en l'air en faisant mine de frapper son adversaire verticalement, tandis que sa lame droite se tendît afin de pourfendre son adversaire.
Mais les choses ne se passèrent pas comme prévu, car la Chimère bloqua certes le coup vertical avec le sabre d'argent, mais son poing bloqua la lame droite du Démon grâce à une technique que Gilgamesh connaissait bien désormais.
Le Sabre obscur du Démon fût désintégré par le choc sonique qui fît dangereusement trembler les murs et vriller les piliers qui soutenaient la pièce. Gilgamesh fût expulsé quelques mètres plus loin sans pour autant quitter le sol, le Démon résistant à la force qui l'éloignait de sa proie.
Au contraire, le Démon d'Asmodée intensifia son cosmos de plus belle, décidé à ne pas lâcher le morceau si facilement. Un nouveau sabre vint remplacer celui disparu, tandis qu'une centaine d'autres jaillirent de parts et d'autres de la pièce, mais le cauchemar ne s'arrêtait pas là.
Aussitôt, le Démon d'Asmodée croisa les bras et baissa la tête, son cosmos devenant plus puissant et terrifiant que jamais. Une salve de globes de haine pure s'échappa de nouveau de son corps, rejoignant les Sabres obscurs qui tourbillonnait dans les airs.
Ce type est monstrueux, pensa Ganymède devant l'ampleur de l'attaque, il peut combiner et utiliser ses deux techniques en même temps !
Le temps se ralentit soudainement dans les yeux de Ganymède. Des faisceaux de lumière noire et des sabres obscurs lui jaillissaient dessus de tous les côtés, mais la Chimère restait concentré.
Ganymède concentra son cosmos, intensifiant son aura orangée en esquivant un premier sabre obscur qui lui frisait la tête, tandis que deux faisceaux de lumière noire furent évités de justesse par le spectre de la Bravoure.
Les poings de la Chimère se mirent à luire tandis que le Spectre courût vers Gilgamesh, esquivant deux nouveaux sabres tandis que six faisceaux de lumières le touchèrent de plein fouet. Mais Ganymède, serrant les dents, continua d'avancer vers son adversaire, les poings tendus.
Quatre sabres obscurs frappèrent alors Ganymède dans le dos et deux faisceaux noirs lui transpercèrent le bras droit. La Chimère intensifia pourtant son cosmos aussi haut qu'il pût et frappa le sol de toutes ses forces de son poing droit.
Un flash de lumière illumina de nouveau la salle funéraire, éparpillant dans les cieux les globes de haine et les sabres. Gilgamesh créa pourtant de nouveaux sabres et globes, résistant à l'effet d'expulsion de l'Impulsion Chimérienne. C'est alors qu'une silhouette apparût derrière Gilgamesh, qui sentît la présence ennemie trop tard.
Ganymède, profitant de la lumière aveuglante dégagée par son Impulsion Chimérienne, usa de son effet de propulsion pour passer derrière son adversaire, rebondissant sur le sol avant de frapper Gilgamesh de son poing gauche, qui avait déjà été chargé par Ganymède en énergie.
Le Démon de la Haine fût expulsé dans l'onde sonique de la première impulsion, hurlant de douleur ou de rage. La pièce fût quant à elle bien remuée, le tombeau d'Ohrmazd étant totalement brisé, laissant voir désormais un cercueil de bois orné d'argent et d'or. Le sol, quant à lui, fût complètement brisé, les pavés ovales où étaient gravées diverses arabesques ressemblaient désormais à un champ rocailleux, alors que les murs étaient lézardés de fissures et d'éclats de métal noir.
Empalé contre le mur, son armure en lambeaux, Gilgamesh d'Asmodée était immobile. Son plastron avait sauté sous le choc produit par Ganymède de la Chimère, mais le Démon, lui, n'était pas encore vaincu.
Gilgamesh avait les yeux entièrement noirs, son visage déformé par la Haine qui le rongeait, son cosmos enfermé dans son corps et n'attendant que son feu vert pour exploser, brûler et libérer tout son potentiel destructeur.
L'Amesha se dégagea du mur, tandis que Ganymède posa un genou à terre, épuisé. Le Spectre avait beau attaquer et attaquer sans cesse, il savait désormais que Gilgamesh ne jouait pas dans la même cour.
Les deux adversaires avaient en commun une rage de vaincre surdimensionnée et des techniques de combat à haut potentiel de destruction, mais Gilgamesh avait une résistance à toute épreuve, et Ganymède sentait que ses forces commençaient à l'abandonner.
"Ce type... est increvable..." pensa Ganymède en essuyant son front gorgé de sueur.
Le Démon d'Asmodée regardait le Spectre qui l'affrontait avec tant de force et de courage. Un sourire parcourut un instant son visage, un sourire de guerrier, un sourire de profond respect et de reconnaissance pour ce combat livré.
A cet instant, Gilgamesh semblait marqué par deux personnalités : l'une violente et sans pitié, l'autre teintée d'honneur et de bravoure. Ganymède se rappela alors les paroles d'Oroa sur les Ameshas, et sur le fait que les rétines noires marquaient la possession de l'Éon sur son utilisateur.
Waltraute hurla de douleur au contact des spores noirs qui brûlaient sa peau et tentaient de percer son armure. Les spores, dirigés par une Démone de Zerëh riant aux éclats, avaient en outre la faculté de s'étendre sur les membres de la jeune femme telle de la mousse putride. Tout le corps de la Spectresse fût bientôt clairsemé d'une mousse verdâtre extrêmement corrosive qui attaquait ses bras, ses jambes et son torse.
Aussitôt, Waltraute tendît la main le haut et fît jaillir une bourrasque de pétales d'un blanc immaculé, chargées en cosmo-énergie. La Daphné effectua alors une sorte de danse, les pétales suivant les mouvements de la Spectresse sous les yeux émerveillés de Saya.
Pourtant, le visage de Waltraute prît soudain une profonde expression de colère, tandis que les pétales de fleurs semés par la jeune femme se projetaient à une vitesse incroyable sur le corps de Saya de Zerëh.
Saya de Zerëh tenta alors de déloger un pétale qui s'était collé sur son front mais ne reçût qu'une violente décharge électrique en retour. La Démone constata alors que chaque pétale était disposé à un point précis de son anatomie.
C'est alors que la Daphné, en tendant le bras droit vers Saya, fît apparaître un arc électrique violet lié à elle par les pétales. La jeune femme intensifia alors son cosmos et libéra un puissant éclair violet qui, transmis à Saya par les pétales, la mît à genou et la fît hurler de douleur.
Saya de Zerëh tenta alors par tous les moyens de retirer les pétales, mais rien à faire, aucun d'entre eux ne voulait s'en aller. Les éclairs de la Daphné devinrent dès lors de plus en plus intenses au fur et à mesure que celle-ci intensifiait sa cosmoénergie.
Mais soudain, Saya de Zerëh, posant ses mains sur le sol fétide du marais, réussit à créer un mur de terre entre les pétales blancs et Waltraute, coupant ainsi le contact électrique entre la Daphné et ses pétales de fleurs.
La démone de Zerëh jaillit alors de cette protection temporaire, libéré de tous les pétales et empoigna Waltraute par la nuque, la soulevant dans les airs. Les Spores de Contamination Purulente recommencèrent alors leurs effets destructeurs directement depuis la main de la Démone, qui prît un malin plaisir à voir souffrir la Spectresse de l'Agonie.
Pour Waltraute, s'en était trop. N'allait-elle qu'échouer dans sa vie ? N'allais-t-elle que connaître défaite et souffrance ? Oh, et puis après tout, elle reverrait son amour de l'autre côté du Styx, elle pourrait l'enlacer autant qu'elle le voudrait, vivre sa vie auprès de lui, pour toute l'éternité...
Aussitôt, la Spectresse de l'Agonie lança un coup de genou dans la hanche de son adversaire, qui lâcha aussitôt la jeune femme qui se jeta sur la Démone. Waltraute passa à tabac Saya de Zerëh en la martelant de coups de poings telle une furie furieuse, frappant n'importe où et n'importe comment mais en réussissant à faire saigner du nez la Démone.
Néanmoins, le cosmos noirâtre de la guerrière Perse s'empara aussitôt d'elle et recouvrît son corps d'un halo noir, projetant Waltraute dans les airs. La Démone se lança alors sur Waltraute, projetant une nouvelle fois ses fameux spores.
Mais cette-fois-ci, le cosmos de la jeune femme éclata au grand jour, et un arc électrique violet entoura la Spectresse qui libéra sa cosmo-énergie foudroyante, empêchant ainsi les Spores de la toucher, ceux-ci se faisant griller au contact d'une telle énergie, intensifiée qui plus est par le milieu humide dans lequel se trouvait la jeune femme.
L'électricité qu'elle produisait se retrouva ainsi à circuler dans le marais, créant ça et là de l'électricité statique et mettant à mal la Démone de Zerëh, qui comprît que la Daphné s'était libérée, et que, le terrain était désormais passé à son avantage.
La Démone intensifia de nouveau son cosmos obscur, se préparant à court-circuiter la Spectresse qui lui faisait face.
Le cosmos de la Démone explosa soudainement autour d'elle, libérant une sorte de brume noire remplie d'énergie négative. A son contact, les rares plantes du Marais furent réduites en poussière tandis que le sol noircit à son contact. L'eau devint acide, faisant fondre les nénuphars flottant à sa surface ainsi que les quelques cadavres qui dépassaient de l'eau, qui devenait à son tour entièrement noire et dépourvue de vie, atteinte de la plus terrible maladie qui soit : la Mort.
Waltraute comprît très vite que ce brouillard ne devait pas l'atteindre et recula de plusieurs mètres en arrière pour ne pas être touchée. Mais la brume qui entourait Saya semblait douée d'une volonté propre, ou plutôt, animée par la volonté même de l'Amesha de la Maladie.
C'est ainsi que la fumée noire fondît sur la Spectresse à une vitesse incroyable, qui n'eût d'autre choix que de courir pour éviter que la brume ne la consume. Le marais commença ainsi à être la proie de sa propre créatrice, obnubilée par la Spectresse qu'elle pourchassait, cherchant à la tuer, à la rendre malade, et ainsi à la faire sienne, comme tous les imprudents qui l'avaient affrontée par le passé.
La Spectresse de la Daphné avait beau courir vite, la brume qui la poursuivait gagnait du terrain tout en polluant celui-ci, transformant ce marais déjà insalubre en un véritable enfer pour tout être vivant.
Waltraute sautait entre les arbres, évitant les zones d'eaux stagnantes qui pourraient la ralentir, accélérant la cadence, courant sans cesse dans ce marais sans fin. Pourtant, la brume finit par se scinder en deux, accélérant l'allure, jusqu'à finalement réussir à entourer Waltraute qui s'immobilisa, piégée par la Démone de Zerëh.
La brume s'arrêta elle aussi, immobile, bien que le sol noircissait sous les pieds de la jeune Spectresse et que celle-ci pouvait sentir l'odeur effroyable que dégageait cette fumée ténébreuse, en sachant que si elle devait se retrouver à l'intérieur, elle en mourrait sûrement.
Pourtant, l'Amesha de la Maladie apparût devant la Daphné, traversant ce rideau maléfique sans en subir la moindre conséquence physique. La Démone souriait à Waltraute d'un air on ne peut plus satisfaite. Elle tenait enfin la guerrière du Sombre Monarque entre ses mains... Qu'allait-elle devenir ?
Dans le tombeau d'Ohrmazd le Lumineux, l'Étoile Terrestre de la Bravoure brillait de tout son éclat. Ganymède, le Spectre de la Chimère, avait son cœur qui battait à tout rompre, injectant dans ses muscles l'adrénaline nécessaire à sa plus puissante attaque.
Une aura orange, violente, tourbillonnant dans les airs et autour du corps du guerrier, rompant de nouveau le sol sous le guerrier du Sombre Monarque, s'était emparée des lieux. Mais face à cette force spectrale, une puissante aura ténébreuse se dressait peu à peu, gonflée de haine et d'énergie maléfique.
Ganymède n'eût guère le temps d'effectuer un seul mouvement d'attaque, car le sol, les murs et le plafond de la pièce se mirent à trembler devant l'ampleur de l'assaut du Démon.
La Chimère vît alors se créer autour de lui et du Démon un énorme globe de haine pure de la circonférence d'au moins deux fois la pièce, un globe qui réduisit en poussière toute forme solide en son sein, sauf Ganymède et Gilgamesh.
Le Démon changea soudainement d'apparence, sa peau se noircissant sous le contact de faisceaux de lumière noire tandis que Ganymède se fît transpercer de toutes parts par ces rayons destructeurs, qui passèrent à la fois à travers son surplis et sa chair pour frapper directement son âme et son cœur.
Le Spectre vît alors, de ses yeux vrillés par la douleur, que Gilgamesh, en plus d'être devenu entièrement corrompu par son Éon, avait doublé de taille et sa musculature avait également triplé de volume. Son armure semblait s'être insérée directement dans sa chair tandis que des cornes de bélier avaient jaillies de son front, ses yeux étaient devenus rouges tandis que des pics avaient surgis de ses bras puissants, et de ses mains de puissantes griffes pareilles à des sabres obscurs.
Ganymède comprît alors que Gilgamesh avait offert son corps au Démon enfermé dans son armure, et celui-ci se fît un malin plaisir à se jeter sur sa proie.
La Chimère, abattu d'une simple flèche par le héros Bellérophon selon la légende, fût ici massacrée par d'effroyables coups de griffes, de cosmos et de rayons ténébreux. Ganymède hurlait de douleur, subissant les coups qui tailladaient son esprit, tandis que les rayons et la pression qui montaient en flèche dans ce globe infernal, détruisaient peu à peu le corps du Spectre, broyant ses os petit à petit.
Pourtant, alors même que son corps et son esprit partaient en lambeaux, une partie inconsciente du cerveau du Spectre restait tenace, celle de ses souvenirs. Ganymède se revît 10 ans en arrière, au bord d'une rivière, jouant avec son ami de toujours à nager le plus vite.
Puis soudainement, souvenirs et inconscient se mêlèrent, et Drixos se revît avec un Nergal du Rat en armure, rayonnant et fier.
Puis, ce fût le retour à la réalité, le Démon Asmodée se délectait à regarder les blessures de son adversaire. La victoire lui semblait acquise, mais soudain, une intense lumière orange apparût autour du corps de la Chimère. Ses yeux devinrent ceux d'un fauve, tandis que derrière lui apparût une créature mythologique, un lion à deux têtes, l'une de chèvre, l'autre celle du fauve, et avec une queue de dragon.
La créature rugit de sa voix inhumaine, faisant reculer le Démon d'Asmodée, qui reprît sa forme humaine, ou plutôt qui laissa Gilgamesh réintégrer son corps. Le guerrier Perse resta bouche bée devant l'intensité du cosmos de son adversaire, se demandant comment faisait-il pour faire brûler sa cosmoénergie à un tel degré de puissance alors qu'il était quasiment mort.
L'aura du Spectre s'empara peu à peu du globe créé par Gilgamesh, faisant lentement fissurer ses rebords comme du verre. Gilgamesh concentra de nouveau son cosmos et tendît sa main pour se préparer à faire face à l'attaque de la Chimère.
Mais le corps de la Chimère disparût soudainement, laissant place à une incroyable onde de choc qui, lentement mais intensément, détruisît le globe de Haine et submergea Gilgamesh d'Asmodée.
Quelle puissance !, pensa-t-il, je ne vais pas pouvoir l'arrêter.
L'esprit de la Chimère fonça alors sur Gilgamesh, et le transperça d'un coup unique, libérant par la même occasion une formidable explosion. La pièce entière fût réduite en poussière, Ohrmazd et tous ses trésors furent annihilés pour toujours. Le plafond de la pièce et de toutes les pièces au-dessus furent alors avalés par un formidable tourbillon de lumière orange, tourbillon qui éclata dans le ciel obscur sous la forme d'une Chimère fluorescente, rugissante et fière.
Il ne restait plus rien dans les parages, hormis un cercle de terre au centre de l'ancienne pièce et sur lequel reposait deux armures, l'une noire, l'autre bleu foncé, bardée de teintes violettes : l'Éon du Démon d'Asmodée, représentant un être féroce et sans cœur, pourvu de crocs, griffes, cornes et pattes de dragon, tandis qu'en face reposait majestueusement le surplis brisé de la Chimère.
Les deux armures se faisant face étaient encore habitées par l'esprit des deux guerriers qui s'étaient affrontés, montrant leur volonté de vaincre et la suprématie du vainqueur. En effet, peu de temps après, l'Éon d'Asmodée disparût, s'évaporant dans les airs, tandis que le Surplis de la Chimère resta digne, debout, incarnant la bravoure de son porteur qui n'hésita pas à se sacrifier pour protéger les siens, honorer son Dieu Hadès, et vaincre le plus puissant guerrier que la Perse ait jamais portée...