Saint Seiya Inferno Universe

Chapitre 10 : Requiem sous la Nouvelle Lune

Une légère brise soufflait dans le dédale du Palais Infernal, venue tout droit du Royaume des Morts. Ce vent funeste n'augurait rien de bon quant à la destinée du Nekyochoro, dont les Spectres ne contrôlaient plus que la place surplombant les Portes de Cerbère.

Là, des milliers d'innocents sauvés de justesse par les Soldats du Sombre Monarque voire par des Spectres eux-mêmes, attendaient avec terreur de pouvoir franchir le domaine sacré, jusqu'à lors réservé aux Spectres et aux Soldats. D'ailleurs, cela ne plaisait guère à ces derniers qui avaient tendu un cordon de sécurité autour des Portes de Cerbère, empêchant les gens de passer.

La foule s'agitait de plus en plus, certains exprimant leur colère en insultes contre les guerriers d'Hadès tandis que d'autres se mirent à prier, agenouillés en face de la statue du Sombre Monarque censé veiller sur la ville.

Nergal du Rat et Lokus de la Panthère décidèrent alors d'intervenir. Les deux hommes étaient couverts de sueur et de sang et revenaient tout juste de la rue adjacente à la place, où le cliquetis des épées et les cris d'agonie des soldats étaient au plus fort.

D'ailleurs, le Rat et la Panthère revenaient avec, dans chaque bras, un soldat du Sombre Monarque, blessé ou agonisant. Les deux guerriers se dirigèrent directement vers le cordon déployé par les gardes en demandant de les laisser passer. Après quoi, des soigneurs dépêchés par le Nekyomanteion s'occupèrent des blessés.

Les Spectres se dirigèrent ensuite vers le chef des Soldats du Sombre Monarque, un homme dénommé Eraste, que les deux Spectres connaissaient bien, surtout Lokus.

Eraste était le frère jumeau de Lokus. Les deux frères s'étaient jurés de devenir Spectres tous les deux et passèrent l'Ascension des Enfers en même temps. Néanmoins, seul Lokus réussit à le devenir, battant son propre frère.

Depuis lors, celui-ci lui vouait depuis une haine féroce qui attristait le jeune homme chaque fois qu'il devait rencontrer son double. Néanmoins, ce dernier avait quand même réussi à se hisser au grade de Lieutenant des Enfers, c'est-à-dire le grade juste en-dessous de celui des Spectres.

Lokus et Nergal se présentèrent ainsi devant Eraste et celui-ci inclina légèrement la tête pour Nergal, mais ne le fît point pour son frère, ce qui équivalait à un manque de respect chez les Spectres. D'ailleurs, Nergal voulût lui dire mais Lokus, devinant ses pensées, parla en premier à son frère.

  • - Je te salue, mon frère, je ne savais pas que tu commandais les soldats de la ville.
  • - C'est dans l'ordre des choses, Panthère, répondit dédaigneusement celui-ci sans même regarder son jumeau.
  • - On ne s'adresse pas ainsi à un Spectre, Eraste !, rugit Nergal excédé. Tu ferais mieux de l'écouter avec attention et surtout de laisser passer ces gens !
  • - Vous savez très bien que je ne peux pas, répliqua Eraste sans sourciller. Aucun humain ne peut franchir les Portes de Cerbère, hormis les Spectres et les Soldats.
  • - Cette règle ne peut pas s'appliquer ici, Eraste, intervint Lokus, ce peuple compte sur notre protection, nous devons tout faire pour les secourir. Les Soldats des Ténèbres sont trois fois plus nombreux que nous et il seront là dans peu de temps.

Eraste regarda alors son frère. Les deux hommes se regardaient de nouveau face à face après une année complète sans se voir. Lokus vît dans le regard de son double la jalousie et la haine le ronger, comprenant sa souffrance quand il se voyait à travers les yeux de son frère, vêtu d'un surplis qu'il n'aurait sans doute jamais le privilège de porter.

Ainsi, Eraste souffrait de se voir lui-même en Panthère, sans pour autant que ce soit lui, et Lokus souffrait de le voir aussi abattu dans une armure de cuir noir rapiécée.

  • - Soit, ils peuvent passer, lâcha finalement Eraste en détournant les yeux, mais le Nekyomanteion est un endroit dangereux pour eux, et je ne peux pas me permettre d'envoyer des soldats pour les protéger.
  • - Alors je les escorterai moi-même, déclara Lokus.
  • - Non, Lokus, j'irai, répondit Nergal d'un ton autoritaire, tes griffes nous seront plus utiles ici. Eraste, je compte sur toi pour aider Lokus. L'ennemi est trois fois supérieur en nombre mais la ville est dégagée. Le rempart improvisé par les soldats tient bon, mais dès qu'il sera tombé, vous devrez massacrer ces Soldats des Ténèbres un à un, compris ?
  • - A vos ordres, Nergal, répondit Eraste en s'avançant vers ses soldats. Laissez-les passer !

Aussitôt, le cordon de sécurité des soldats se rompit et la foule s'avança docilement vers les Portes de Cerbère où les attendait Nergal, qui rentra en premier en guidant la foule.

Lokus, quant à lui, retourna au combat sans regarder son frère, de peur qu'il ne voit les larmes qui mouillaient ses yeux et lui déchiraient le cœur.


Pendant ce temps-là, Gladius subissait le courroux de la puissante Immortelle de la Douleur, gravitant autour de son Soleil d'Ébène qui lui brûlait le dos, tandis que les éclairs de ce funeste astre parcouraient tout son corps avec douleur.

Ça et là, de multiples fissures étaient apparues sur le surplis du Buffle, alors pris en étau par la pression du Soleil, brûlé par son énergie destructrice, et paralysé par son courant électrique. Le Buffle ne parlait plus mais le cœur de Gladius était empli de son désespoir, sentant jusque dans la moindre once de son être sa douloureuse et lente agonie.

Gladius sentait sa fin proche mais il ne devait pas mourir ainsi, pas comme ça. S'il devait mourir, il devait le faire la tête haute et emporter l'Amesha avec lui. Il se concentra, ferma les yeux, cherchant dans son cœur la force de vaincre en essayant d'oublier la douleur.

Bientôt, il n'entendît plus la voix du Naga et ne sentît plus le soleil noir brûler son épiderme. Il ne sentît que l'énergie le parcourir, ressentant la chaleur de ce soleil, oubliant les éclairs, oubliant les brûlures. Son cosmos se répandit à travers tout son corps puis flotta en-dehors de lui sous la forme d'une nébuleuse rougeoyante.

Le Buffle sentit cette force l'envahir lui aussi et libéra peu à peu une aura pourpre qui se confondit avec celle de son maître. L'union des deux auras engendra un nouveau cosmos, non celui de Gladius, non celui du Buffle, mais des deux réunis. Gladius du Buffle était né.

L'Étoile Terrestre de la Corne ouvrît les yeux, dévoilant des pupilles enflammées. Le corps tout entier du jeune homme s'embrasa sous les yeux ébahis de Farah. Mais le pire restait à venir.

Les flammes qui émanaient du corps de Gladius prirent une teinte rouge rubis, tandis que le soleil d'ébène de l'Amesha commençait peu à peu à s'éclaircir, passant du noir à l'orange en quelques secondes. Les éclairs qui parcouraient cet astre funeste cessèrent, tandis que la chaleur qu'il délivrait se mît à brutalement augmenter. Le feu du Spectre se diffusa à l'intérieur de l'astre, qui devint rouge et s'embrasa.

  • - Il... Il a changé mon soleil d'ébène en un vrai soleil !!!!, s'exclama Farah soudainement aveuglée par la lumière de cet astre nouveau.

L'astre cessa alors d'exercer sa gravité sur le Spectre du Buffle qui, les yeux consumés par d'étranges flammes rouges, prît le soleil de ses mains et regarda Farah tout en lévitant dans les airs.

  • - TU VAS PAYER !, rugit-il d'une voix surhumaine. PAR L'ORBE INFERNALE !!!!!

Le soleil-Orbe de Gladius fût alors projeté sur Farah qui eût à peine le temps de réagir, bloquant le soleil de ses bras en entourant son corps d'éclairs noirs. Mais la puissance délivrée par ce soleil était telle que l'Immortel de la Douleur ne résista pas longtemps.

Le soleil se fendît peu à peu avant d'exploser, libérant une véritable supernova sur Farah, dont on entendit plus que le cri, les flammes sous hautes pression ainsi libérées s'élevant dans le ciel sous la forme d'une colonne étincelante, alors que le sol même rompît sous la pression d'une telle explosion.

Gladius lui-même fût emporté par le choc, chutant la tête la première dans le précipice, accompagné de Farah du Naga, qui subissait encore le torrent enflammé libéré par la "supra-orbe infernale".

Les deux guerriers plongèrent ainsi dans le précipice, peu après que la colonne de flammes ne se soit dissoute dans l'air, telle une comète étincelante.


Le bruit de la détonation ne vint cependant pas jusqu'aux oreilles de Namäan, bien trop occupé à savourer sa victoire. Il était agenouillé en face du Kirin, le sourire aux lèvres, l'index trempant dans le sang de l'Étoile Céleste de la Perfection.

Namäan porta alors son doigt dans sa bouche, goûtant le sang de Nexos. Ce qu'il découvrit sembla le surprendre. Il toucha alors la poitrine du Kirin et s'aperçut que son cœur battait encore.

  • - Ce Spectre est d'une ténacité exemplaire, pensa le Djinn stupéfait. Hélas pour lui, je ne vais pas attendre qu'il rende gentiment son dernier souffle. Meurs, Kirin !

Namäan brandit alors son fouet afin de trancher la tête du jeune Nexos mais l'arme ne suivit pas la trajectoire prévue par son possesseur.

En effet, au moment où le fouet du Djinn s'éleva dans les airs, le vent se leva de nouveau, bloquant l'arme de Namäan en plein élan. L'Immortel n'arrivait plus à bouger, comme bloqué par un rempart invisible.

Le corps du Kirin s'éleva d'un seul coup en lévitant dans les airs, les ailes du Spectre émettant soudainement une violente lumière bleutée qui aveugla Namäan. Les yeux de Nexos s'ouvrirent, entièrement cyans. Le cosmos du Kirin s'éveilla alors, tandis qu'une tempête se leva de nouveau, paralysant complètement le Djinn stupéfait par la soudaine "résurrection" de Nexos.

  • - M... Mais tu...
  • - Je ne renoncerai pas aussi facilement à ce combat, Djinn, coupa Nexos d'une voix impétueuse. Je suis l'une des 16 Étoiles Célestes, l'un des meilleurs guerriers d'Hadès ! Mon premier devoir est de ne jamais renoncer au combat ou bien de t'emporter avec moi dans la tombe ! Je vais déchaîner les vents contre toi ! PAR LE CERCLE DES VENTS DECHAINES !!!!!!

Namäan fût alors balayé par un violent courant d'air bleuté rempli de cosmos, qui réduisit la pièce en miettes tandis que la lumière du Nekyomanteion vint illuminer les deux combattants.

Le Djinn tenta vainement de s'accrocher à l'une des colonnes qui restait encore accrochée au sol, mais cela n'eût pour résultat que d'emporter le pilier dans la tempête générée par le Kirin.

Une véritable tornade circulaire s'était créée, sans début ni fin, mais créant des dommages collatéraux d'une ampleur inimaginable, libérant un panache de fumée au cœur du Palais du Nekyomanteion, qui tremblait jusque dans ses fondements.

Qui plus est, l'Immortel eût l'impression que son corps tout entier allait être broyé par les vents destructeurs et tout son corps lui transmît une intense douleur qui fît grimacer le grand Djinn, sans pour autant que celui-ci n'exprime sa souffrance.

Mais Namäan n'était pas au bout de ses surprises. En effet, Nexos fût soudain enveloppé d'une puissante aura bleutée qui le parcourût en tournoyant telle une comète. Le Kirin fût alors voilé par un cosmos extrêmement puissant mêlé à un vent de très haute pression.

Le cheval noir aux ailes d'ébène et aux cornes d'ivoire reparût, plus en colère que jamais. La plus terrible créature que Namäan ait jamais vu dans sa vie était libérée et allait dévorer le monstre démoniaque enfoui dans le cœur de l'Amesha.

Le Kirin frappa sa proie plus vite que la foudre, usant de ses ailes et de ses puissantes jambes pour se propulser au cœur de la tempête, s'appuyant même sur leur puissance pour accélérer sa propre vitesse.

Le Djinn fût alors broyé par Nexos, recevant des milliers de coups qui le traversèrent de part en part, explosant son armure, détruisant son corps, sans que celui-ci ne puisse réagir. Le vent destructeur du Kirin trancha sa chair, tandis que ses pupilles noires s'éteignirent peu à peu, redevenant des yeux d'humains.

La tempête se calma alors, mais Nexos lui, passa sous son adversaire et concentra le reste de son cosmos dans son poing droit, avant de se propulser une dernière fois sur son adversaire. Le Kirin frappa alors Namäan en plein cœur, cœur qui cessa de battre instantanément.

Nexos regarda alors le Djinn s'élever dans les airs, son fouet se réduisant en poussières, laissant Namäan redevenir le fier guerrier Perse qu'il avait toujours été. Le Kirin regarda alors une dernière fois le visage de son adversaire et vît, à sa grande surprise, des larmes de joie couler le long du visage balafré du Guerrier.

  • - Merci, soupira Namäan à l'Étoile de la Perfection avant de disparaître, emporté par le coup de Nexos qui l'expédia jusque au dôme de protection du Nekyomanteion.

Namäan du Djinn devint alors une comète d'énergie qui se désagrégea peu à peu dans les limites du dôme en rejoignant les rives du Styx et ses ancêtres.


Aux abords du Fleuve Styx, dans une demi-lune argentée, le Lycan et le Tigrän s'apprêtaient à se jeter l'un sur l'autre comme des bêtes enragées.

Le Lycan semblait avoir un net avantage sur le Tigrän, mais celui-ci ne semblait nullement effrayé par le dôme lunaire dans lequel il était enfermé. Au contraire, ses griffes semblaient plus aiguisées que jamais, son regard plein de détermination et d'assurance ne trahissant nullement une quelconque peur.

Le cosmos des deux guerriers s'embrasa de nouveau, chacun se préparant à un nouveau duel au corps à corps. Lobo était alors parcouru d'une teinte argentée qui, reflétant avec la teinte bleu nacré de son surplis, offrait une aura majestueuse.

L'Étoile Céleste de la Transformation semblait être l'un des plus terribles guerriers d'Hadès, et Kazen allait très tôt s'en rendre compte.

  • - BALAFRES MEURTRIERES !!!!!, rugit Lobo.
  • - PAR LES LACERATIONS DE L'ÂME !!!!!!!!, répliqua Kazen.

Une pluie de croissants de lune argentés, aussi tranchants que des lames, fondirent sur Kazen, qui n'eût le temps que d'hurler son attaque, du moins, c'est ce que pensait Lobo. En effet, au moment où ses balafres allaient frapper le Tigrän de plein fouet, une puissante aura d'ébène bloqua chacun des coups du Lycan.

Le Spectre vît alors l'ombre du Démon changer d'apparence, la tête prenant l'apparence d'un félin, tandis que ses mains devinrent des paires de pattes dotées de griffes acérés. Son ombre même devint plus grande, plus musclée aussi.

Le Spectre sentît un profond mal-être en lui-même, ressentant les griffes du Tigrän sans pour autant l'avoir vu bouger. Une tâche d'ombre se forma au niveau de son épiderme, noircissant sa peau, mais blessant son âme au plus profond d'elle-même.

L'ombre du Tigrän fonça de nouveau sur Lobo, le frappant d'une dizaine de coups supplémentaires, directement dans l'esprit du Lycan. Celui-ci s'agenouilla, les yeux écarquillés, le corps recouvert de tâches noires et l'esprit en lambeaux.

Lobo se sentait mal. La souffrance des blessures et le mal-être de son esprit avaient détruit la soudaine assurance du Spectre, qui se sentait alors envahi d'une forme de douleur dont il ne pouvait se débarrasser et dont il ne pouvait cicatriser. Il n'avait même pas vu Kazen utiliser la Lacération de l'Âme.

La seule chose qu'avait vu le Lycan, c'était cette ombre qui s'était précipitée sur lui, frappant directement son esprit de ses griffes acérées. Lobo trouva néanmoins la force de se relever, les jambes branlantes, le visage trempé de sueur et de sang..

  • - Q...Qu'as-tu fait ?, demanda Lobo d'une voix faible.
  • - Ce que j'ai fait ? J'ai lacéré ton âme de mes griffes noires, Lobo. Tu croyais réellement que mes coups s'arrêtaient à de simples plaies sur ton corps ? Que mon pouvoir se limitait au domaine physique ? Nous, les Démons, sommes les plus puissants guerriers du monde ! En particulier moi, Kazen du Tigrän !
  • - Tes discours belliqueux m'ennuient, répondit Lobo haletant. Si tu veux m'achever, fait-le tout de suite au lieu de perdre ton temps en des provocations inutiles...
  • - Hélas, je me vois contraint de refuser ton offre, Lobo. Tes coups de griffes ne peuvent être pardonnés aussi facilement. Tu ressens en ce moment même des souffrances atroces pour avoir osé t'attaquer à moi. Ton corps est parcouru par une douleur éternelle, ton esprit est fragilisé, mais ton insupportable arrogance est toujours là et ton moral est intact. Maintenant, tu vas connaître la souffrance ultime, Lobo ! PAR LA MALEDICTION DES SOUFFRANCES ETERNELLES !!!!!!!!

Le Dôme Lunaire se recouvrit alors d'ombre et Kazen fût comme sous l'emprise d'une force démoniaque. Ses pupilles se dilatèrent, devenant rouge vif, tandis que sa peau devint aussi noire que son Éon. Une puissante aura démoniaque entoura le corps du Démon, tandis que Lobo se prépara à subir, impuissant, la plus puissante arcane de son adversaire.

Deux cercles bleus foncés apparurent soudainement autour de Kazen, un dans chaque bras, qu'il lança sur Lobo. Les deux cercles transpercèrent le Spectre sans le couper en deux, mais se maintinrent sur le corps du Lycanthrope en tournoyant autour de celui-ci. Lobo vît alors que ceux-ci étaient parcourus de signes étranges, probablement de l'écriture persane.

Kazen croisa alors les bras au niveau de son bas-ventre, les yeux vers le ciel, psalmodiant d'étranges paroles:

"??????? ????? ???? ????????????????!! "

Aussitôt, le premier cercle incantatoire se mît à briller, se transformant en un ruban de lumière d'ébène qui s'enroula autour de Lobo et le ligota. Les incantations inscrites sur le cercle entrèrent alors en contact avec la peau du Lycan, qui hurla de douleur. Les signes persans se gravèrent sur l'épiderme du Spectre, passant à travers son Surplis, faisant couler le sang et libérant dans le corps de Lobo une douleur inimaginable.

C'était comme si on avait changé le sang de Lobo par de l'acide, et chaque goutte de sang qui circulait dans ses veines le faisait souffrir le martyr, tout comme son propre cœur qui, battant soudainement la chamade, servait d'impulsion à ces vagues de douleurs qui fusaient dans chaque partie de son être.

Le Tigrän avait ainsi transformé le liquide de vie en malédiction car ce qui faisait vivre le Lycanthrope était alors devenu son plus terrible fardeau. Kazen regarda Lobo se tordre de douleur en se léchant les lèvres, prenant un malin plaisir à voir le seul être à l'avoir ainsi acculé dans un tel état de souffrance. Il cessa alors de psalmodier pour ruiner un peu plus le moral de son adversaire.

  • - Tu souffres n'est-ce pas, Lobo ? Ça fait tellement mal !
  • - AAAAH ! AAAAAH ! ARRETE CA ! ARRETE CA !!!!!, hurlait Lobo, le corps pris de convulsions.
  • - Il est trop tard pour cela, Spectre. Maintenant que ton corps n'est que douleur, je vais m'en prendre à ton âme ! ???????? ???????? ?????? ?????!!! "

Aussitôt, le dernier cercle rituel étincela, libérant une puissante aura noire qui se matérialisa en une redoutable créature : le Tigrän. Le monstre mi-homme, mi-tigre, enveloppé d'ombres, émergea avec fureur du cercle d'incantation en émettant un rugissement inhumain. Puis, ses griffes se plantèrent dans le cœur de Lobo, puis ses crocs, jusqu'à son corps entier.

L'Étoile Céleste de la Perfection sentit alors son âme souffrir de plus en plus, attaquée petit à petit par le Tigrän. Lobo mît ses mains sur sa tête en hurlant de douleur, ne ressentant plus que la souffrance dans chaque once de son esprit, dans chaque once de son corps.

Il ne pensait plus, ne respirait plus, ne voyait plus, n'entendait plus, ne sentait plus. Le contact des rayons lunaires à la surface de sa peau devenait peu à peu inconnus et ces cinq sens mis à rude épreuve ne lui transmettaient plus qu'une chose : une souffrance sans nom.

Pour la première fois de sa vie, Lobo voulait mourir pour que ses tourments cessent et que son âme soit ainsi libérée de telles douleurs. Il allait presque supplier Kazen de faire cesser cette torture, mais une voix dans sa tête l'en empêcha.

  • - Lobo... Lobo... c'est Lycan... Ecoute-moi mon ami. Ce n'est pas le moment de flancher, je sais qu'on peut battre ce type.
  • - Comment ?, pensa Lobo, harassé par la douleur. Rien que de penser me fait atrocement souffrir, je ne peux même plus bouger !
  • - As-tu perdu tout honneur, Lobo ? Crois-tu que nous devrions laisser ce prétendu prédateur remporter la victoire ? Il n'est pas capable de nous vaincre, Lobo ! Et tu sais pourquoi ?
  • - P..Parce qu'il ne nous as pas encore tués, répondit Lobo à son Surplis.
  • - Et tant qu'un Spectre a une once de vie en lui, il se doit de défendre les terres de son Dieu jusqu'au bout, alors relève-toi ! Et bat toi !
  • - Je... je ne vois qu'un seul moyen pour le vaincre mon frère, mais tu en connais les risques.
  • - Fonce, Lobo, pour la meute...

Lobo se redressa alors, tentant d'oublier la douleur, son aura argentée refaisant apparition sur son corps, à la plus grande surprise de Kazen. Comment pouvait-il encore se relever alors que tout son être n'était que souffrance ? Que son moral et sa volonté étaient peu à peu brisés par la Malédiction des Souffrances Éternelles ?

  • - Te relever ne sert à rien, Lycanthrope, déclara Kazen, tu ne fait que retarder l'inévitable. La Malédiction des Souffrances Éternelles plonge celui qui la reçoit dans une souffrance éternelle, rongeant peu à peu toute sa volonté, son moral et son esprit. Les plus téméraires se suicident après quelques minutes de souffrance tandis que les autres me demandent souvent de mettre fin à leurs vies. Tu n'as que deux solutions, Lobo : le suicide ou l'exécution. A toi de choisir, tant que ton esprit le peut.
  • - I... Il... existe... une trois... troisième... solution, fît le Lycan avec difficulté ce qui étonna encore plus le Tigrän.
  • - Ton abnégation est exemplaire, Lobo. Je n'ai jamais connu un adversaire tel que toi. Hélas, tu n'as plus le choix maintenant, tu n'es plus en mesure de te battre. Regarde-toi ! Tu tiens à peine debout, tout tremblant de douleur, ton surplis te protégeant à peine de prochains coups !
  • - Tant que la lune brillera dans le ciel, le Lycanthrope sera la créature la plus meurtrière qui existe, répliqua Lobo d'une voix inhumaine. PAR LA FUREUR DE LA PLEINE LUNE !!!!!

Le dôme lunaire se mit alors à rebriller de plus belle, retrouvant son éclat argenté. Lobo fût parcouru par une aura argentée qui ne cessa de croître, au fur et à mesure que celui-ci envoyait son cosmos nourrir le dôme.

Puis, un cercle blanc fît son apparition dans le ciel, absorbant peu à peu le dôme afin de prendre vie. L'astre ainsi créé libéra son plein potentiel de puissance devant un Kazen complètement estomaqué : Lobo venait de créer une lune !

Elle n'était certes pas aussi grande que la vraie, mais sa circonférence englobait largement l'aire de combat. Qui plus est, cette lune cosmique dégageait une puissance extraordinaire et ses rayons aveuglaient presque le Tigrän.

Lobo quant à lui changea. Son surplis s'anima, devint totalement blanc, tandis que les yeux de Lobo prirent l'expression de ceux des loups. Ses griffes, ses jambières, son plastron et ses épaulières étincelèrent de milles feux, à mesure que le surplis semblait se fondre dans l'épiderme du Spectre, faisant corps avec lui.

Au final, Lobo était devenu un véritable Lycan, mi-homme, mi-loup, dont la puissance dégagée dépassait largement celle de Kazen. Néanmoins, celui-ci ne se laissa pas impressionner et, concentrant son cosmos d'ébène une nouvelle fois, il sortit ses griffes et se jeta sur la créature Spectrale.

  • - TU NE M'IMPRESSIONES PAS, LOBO !!!! PAR LES GRIFFES D'OMBRES DU TIGRÄN !!!!!!!!

Le Démon de la Souffrance frappa le Lycan de parts en parts sans que celui-ci ne puisse bouger. Pourtant, Lobo n'avait aucune blessure sur lui, hormis celle déjà infligées par Kazen. Comment avait-il pu échapper aux Griffes d'Ombres aussi facilement ?

Le Tigrän regarda de nouveau Lobo dans les yeux et ce qu'il y vit n'avait plus rien d'humain. L'esprit du Lycan et de l'homme avait fusionnés, tout comme leurs corps, et la puissance du Spectre s'en trouvait démultipliée.

La griffe droite de Lobo se mit soudainement à étinceler, absorbant les rayons lunaires émis par cette nouvelle lune. Lobo lui-même devint de plus en plus étincelant, jusqu'à quasi-disparaître sous la lumière de lune.

Puis sans crier gare, le Lycanthrope se jeta sur son ennemi à une vitesse incroyable, Kazen ne voyant qu'un rayon de lumière argenté foncer sur lui avant de voir émerger le Lycan, qui frappa le Tigrän en plein cœur.

Puis, la pleine lune disparût et le vent se leva. Les yeux du Lycan redevinrent humains, alors que son surplis tomba en miettes. Lobo regarda Kazen les yeux remplis de larmes, tandis que celui-ci sentît son corps se désagréger.

En effet, Kazen était peu à peu parcouru par une lumière blanche qui se répandait dans son organisme à toute allure. Le Démon de la Souffrance ne sentait plus rien, ses membres et ses organes vitaux disparaissant peu à peu.

  • - Que m'as-tu fait ?, demanda le Tigrän en mettant un pied à terre.
  • - Je t'ai vaincu, répondit Lobo en séchant ses larmes, l'esprit du Lycan m'a donné son énergie vitale pour te vaincre. Ton corps est rempli de cosmos lunaire. Tu ne vas pas tarder à mourir.
  • - Je vois, répondit Kazen en souriant, me reste-il beaucoup de temps ?
  • - Dans une minute, la nouvelle lune poindra à l'horizon. Alors, tu seras passé de l'autre côté de ce fleuve, mais pas comme tu l'avais souhaité.
  • - Dans ce cas, Lobo, je dois te dire qu'Ahriman est beaucoup trop fort pour vous. S'il venait ici en personne, vous seriez réduits en poussière sur le champ. Ahriman peut corrompre n'importe quel être... Moi-même, j'en ai fait les frais.

Les jambes du Démon commencèrent alors à étinceler, émettant une lumière blanche qui commença peu à peu à s'évaporer. Les pieds de l'homme commencèrent ainsi à disparaître tandis que son visage se remplit lui aussi de larmes, ses yeux retrouvant alors leur teinte d'origine.

  • - Sache que les Éons d'Ahriman prennent peu à peu possession de ceux qui les portent, sauf si celui-ci est foncièrement mauvais. Je suis devenu peu à peu un monstre sanguinaire, qui a massacré des milliers d'innocents...
  • - Il est trop tard pour abjurer, Kazen. Par ta faute, j'ai perdu une partie de moi-même. Mon ami Lycan est mort, je ne suis plus l'Étoile Céleste de la Transformation.
  • - Alors j'ai eu ce que je méritais... mais les Ameshas n'en ont pas fini avec vous, Lobo. Si vous réussissez à survivre à cette bataille, sache qu'une flotte perse s'apprête à partir de Troie pour envahir la petite Grèce. Vos alliés Athéniens ne vous aideront pas, pas plus que Poséidon. Pardon, Lobo, et adieu...

Kazen tendît alors sa main vers Lobo. Les deux hommes se regardèrent pour la première fois d'une manière différente. Ils n'étaient plus des machines à tuer, de redoutables guerriers servant leurs Dieux, mais simplement deux hommes, l'un mourant, l'autre anéanti par la perte de son Surplis.

Pourtant, Lobo tendît sa main et serra celle de Kazen. Les deux hommes se regardèrent une dernière fois, puis le Tigrän devint lumière. Son corps entier devint énergie, une énergie qui ressemblait aux mystérieux rayons de la Lune.

C'est ainsi que Tigrän disparût, devenant peu à peu une simple boule d'énergie blanche, une petite lune qui s'éleva dans les airs en franchissant les frontières du Styx pour rejoindre le Monde des Morts, et par-delà peut-être, si Hadès se montrait clément, le paradis terrestre des Champs-Élysées.


Gladius ouvrit les yeux avec difficulté, se réveillant à quelques mètres de Farah. Celle-ci était d'ailleurs debout, regardant le Spectre du Buffle le regard chargé d'éclairs. Son bras droit était cassé, tandis que son Éon à l'exception de ses genouillères avait complètement disparu.

Le corps de la jeune orientale était recouvert de bleus, de sang et de plaies, et même si elle avait par miracle survécut à l'explosion, elle ne semblait plus être en état de combattre.

  • - Ça va ?, demanda psychiquement Gladius à son surplis.
  • - J'ai connu mieux, répondit celui-ci après un long silence, mon corps est gravement touché, je ne suis plus en état de te protéger je crois.

Gladius remarqua alors les multiples fissures qui parsemaient son surplis, tandis que les cornes de ses épaulières étaient tranchées net. Qui plus est, une bonne moitié de son plastron avait été détruit par le choc de l'explosion. Le Buffle était donc dans un état plus que critique.

L'Étoile Terrestre de la Corne se releva maladroitement, sentant une vive douleur dans sa jambe gauche. Le jeune Spectre s'aperçut alors que l'os de sa jambe, brisé, avait perforé sa peau, ressortant à l'air libre sous forme d'hémorragie.

  • - Bon sang !, s'exclama le Spectre, ma jambe gauche est cassée ! Je ne pourrai plus marcher !

Gladius regarda alors au-dessus de lui, remarquant l'ampleur de l'explosion. Une bonne partie de la falaise s'était écroulée sur elle-même, bloquant les abords du fleuve, tandis qu'au-dessus des gravats qui s'étaient ainsi formés, un bloc de pierre d'une dizaine de mètres de haut et d'environ trois mètres de larges tanguait dangereusement, menaçant d'ensevelir définitivement les deux adversaires.

  • - T... Te voilà... enfin réveillé... Buffle, balbutia Farah avec difficulté, le combat... n'est pas terminé... Viens ! Je t'attends !
  • - T... Tu comptes te battre... dans cet état ?, répondit Gladius tout aussi atteint qu'elle.
  • - Il ne peut y avoir... qu'un seul... vainqueur.

Gladius hésita. Leur combat avait beau ne pas être terminé, ils n'étaient plus à même de se battre. Qui plus est, ils pourraient tout aussi bien périr ensevelis avant même que l'un ou l'autre n'ait pris le dessus.

Finalement, le Spectre du Buffle intensifia son cosmos et expulsa son Surplis de son corps, qui se reconstitua sous sa forme animale avant de se poser un peu plus loin.

  • - Tu es sûr de ce que tu fais ?, demanda le Buffle à son possesseur.
  • - Absolument pas, répliqua celui-ci, mais je dois vaincre coûte que coûte.
  • - Tu enlèves ton armure ?, s'exclama Farah surprise. Pourquoi ?
  • - Parce qu'un Spectre se bat d'égal à égal avec ses adversaires, répondit Gladius, et parce que je te battrai sans mon armure pour prétexte de victoire.
  • - Ahahahaha ! Pauvre Fou ! Je vais... te réduire en bouillie !
  • - C'est ce qu'on va voir, répondit Gladius dont les yeux changèrent soudainement de teinte.

Le cosmos des deux adversaires émergea une fois de plus de leurs corps meurtris, feu et tonnerre se faisant face. Néanmoins, le Surplis du Buffle se mêla à la joute en libérant lui-même une puissante aura rouge, la même que celle de Gladius. Celui-ci sentit son corps devenir de plus en plus puissant, à mesure qu'un cosmos nouveau envahit son corps.

Le jeune Spectre du Buffle s'accroupit, les jambes tendues vers Farah, la tête en avant, les yeux luisants. Il sentait en lui une puissance nouvelle, un instinct particulier qui lui dictait ses mouvements sans qu'il ne les ait auparavant réalisés. Son cosmos se mît ainsi à se concentrer dans ses jambes et ses bras, tandis que Farah fonça sur lui entourée d'éclairs.

  • - PAR LA PRISON DE TONNERRE D'EBENE !!!!, hurla-t-elle en furie.

Mais l'Immortel de la Douleur avait atteint la limite de ses capacités et Gladius distingua très nettement les mouvements de la jeune femme au moment où sa voix tonna dans le précipice, hurlant la première technique du Buffle.

  • - PAR LA CHARGE DU BUFFLE !!!!!

Le cosmos emmagasiné dans les membres du Buffle propulsa le Spectre à une vitesse inimaginable, si bien que Farah ne pût que voir un rayon de lumière rouge lui foncer dessus avant qu'émerge Gladius, la jambe droite tendue.

Le jeune homme frappa alors Farah du Naga en pleine poitrine, accompagné d'une vague de cosmos rouge que le Spectre délivra au moment de l'impact.

Un léger craquement sonore fît comprendre à l'Immortel que sa cage thoracique avait été brisée, tandis que son cœur cessa de battre instantanément. La jeune femme hurla avant de traverser la muraille de pierres et de rocs juste derrière elle, s'écroulant une centaine de mètres plus loin, les yeux blancs, le corps inanimé, morte.

L'énorme bloc de pierre alors en équilibre s'écroula de lui-même, recouvrant Gladius qui n'eût ni la force ni le temps de se protéger. Le fracas assourdissant du rocher s'entendît sur des kilomètres à la ronde, tandis que la poussière qui s'éleva peu à peu dans les airs ne permît de distinguer le jeune homme, hormis une main qui jaillit des décombres avant de retomber contre les débris avoisinants...

Quelques minutes (ou heures ?) plus tard, un homme prît cette main et sortit le jeune Spectre des décombres. Son corps était recouvert de balafres, tandis que ses yeux étaient remplis de larmes. Il prît le jeune Spectre sur son dos et remonta la falaise grâce aux griffes de son surplis, la seule chose qui lui restait du Lycanthrope.

Après quoi, Lobo regarda une dernière fois le Monde des Enfers, avant de rentrer dans le Palais du Nekyomanteion, sa mission accomplie... mais à quel prix ?


La bataille faisait rage au sommet du Nekyochoro. Les remparts improvisés des Spectres avaient finalement cédé et le sang coulait à flot dans les deux camps. Lokus et son frère luttaient côte à côte dans le tumulte de la bataille et la Panthère, tout en se faisant les crocs sur les soldats des Ténèbres, ne pouvait s'empêcher d'être admiratif devant les prouesses de son frère.

En effet, si celui-ci n'avait pu devenir Spectre, il se montrait excellent épéiste, maniant deux lames de la largeur d'une tête de cheval à une vitesse inouïe, fauchant chaque Soldat qui se présentait à lui comme s'ils étaient de simples fétus de paille.

Mais la Panthère n'en démordait pas pour autant et les griffes acérées de Lokus mirent à bas une centaine de Soldats des Ténèbres. Néanmoins, les autres soldats du Sombre Monarque n'avaient pas souvent la force de ces deux frères et beaucoup moururent, passant sous le fil des sabres perses tout en forçant le Spectre de la Panthère et son frère à reculer de plus en plus vers la porte.

Ainsi, après une heure d'âpres combats devant les Portes de Cerbère, seul une dizaine de Soldats d'Hadès et les deux jumeaux étaient encore debouts alors qu'il restait encore plusieurs centaines de Soldats des Ténèbres.

  • - Je crois que c'est fini pour nous, Panthère, fît Eraste à son jumeau spectral, tu ferais mieux de t'enfuir par les Portes de Cerbère et de les refermer pendant que nous pouvons encore contenir ces satanés Perses... La ville sera prise, mais le peuple sauf et le Domaine d'Hadès préservé.
  • - Tu peux toujours courir, Eraste, lui répondit Lokus en se remettant en position de combat. Je suis ton frère et même si tu me détestes, je te protégerai jusqu'à ma mort.

Les derniers mots de la Panthère laissèrent Eraste interdit un court moment, puis celui-ci sourit brièvement en essuyant ses lames.

  • - Soit. Mais puisque tu veux mourir à mes côtés, mon frère, fais-le avec classe, veux-tu ?
  • - Je tuerai bien plus de Soldats en un seul coup de griffes que toi en un seul coup d'épée !, répliqua joyeusement Lokus. Regarde la puissance de la Panthère, Eraste ! PAR LA RAGE DE LA PANTHERE !!!!!

Lokus et Eraste se jetèrent alors sur la masse informe de Soldats, Eraste assistant incrédule à la furie de la Panthère, dont les griffes de cosmos violet et la vitesse incroyable déchiquetaient chairs et armures si vite que les Soldats des Ténèbres furent pendant un instant repoussés. Ceci donna du courage à Eraste et ses hommes qui chargèrent l'ennemi en hurlant.

C'est alors que plusieurs explosions de cosmos se produisirent au sein de l'Armée des Ténèbres, faisant voler plusieurs dizaines de soldats en un seul coup. Une guerrière furieuse s'était infiltrée dans le cortège noir des soldats d'Ahriman et semait le chaos dans leurs rangs, libérant une puissance haineuse contre tous ceux qui osaient s'opposer à elle.

La Spectresse portait sur la tête une sorte de couronne florale avec de larges pétales noirs, tout comme ses gantelets, où, aux poignets, de multiples pétales de fleurs s'étaient agglutinés pour former une protection. Son plastron, qui tenait compte de sa morphologie, était pourvu de petites ailettes pastorales tout comme ses larges jambières.

L'armure même était d'un noir élégant tandis que ses cheveux, d'un pourpre violacé flottaient au vent. Pendant un moment, Lokus ne reconnût pas cette guerrière, mais ses yeux bleus pleins de détermination éveillèrent la mémoire du Spectre de la Panthère.

D'ailleurs, celui-ci ne tarda pas à aller lui prêter main forte, l'apostrophant par la même occasion :

  • - Waltraute ??? C'est bien toi ? Qu'est-il arrivé à tes cheveux ?
  • - Pas le temps de t'expliquer, lui dit-elle en broyant la nuque d'un Soldat, aide moi plutôt à repousser ces suppôts d'Ahriman !

Les deux Spectres combattirent alors côte à côte, rejoints par Eraste et le peu d'hommes qui lui restait, réussissant à créer une percée dans le camp adverse. Néanmoins, l'ennemi était encore beaucoup trop nombreux et si les guerriers d'Hadès résistèrent bravement, ils eurent tôt fait d'être repoussés.

Bientôt, il ne resta plus que Waltraute, Lokus et Eraste face à environ 300 soldats des Ténèbres encore vivants.

C'est alors que le miracle se produisit. Une puissante vague d'énergie violette vint heurter les Soldats des Ténèbres, les tranchant en rondelles d'un seul geste. Le Grand Pontife apparût alors devant les trois combattants acculés, l'Épée d'Hadès à la main, les yeux brillant de détermination et de supériorité.

  • - Soldats des Ténèbres !, tonna-t-il. Votre heure est arrivée ! Rejoignez les Enfers !!!!!

L'Épée du Sombre Monarque fendît l'air une fois de plus, libérant une autre vague tranchante qui terrassa les derniers soldats des Ténèbres. L'armée d'Ahriman fût ainsi détruite d'un seul coup d'épée.

  • - Grand Pontife !, s'exclama Lokus émerveillé par la puissance du Chef des 108 Étoiles, vous avez vaincu l'armée d'Ahriman ! Mais... et les intrus ?
  • - Éliminés, répondit la voix du Lycanthrope derrière lui.

La Panthère vit alors Lobo et Gladius tenus tous deux par Nergal du Rat, lequel avait veillé à la survie du peuple du Nekyochoro. D'ailleurs, la foule sortit des Portes de Cerbère, certains se prosternant devant le Grand Pontife pendant que d'autres admirèrent l'ampleur des dégâts causés par les guerriers d'Ahriman.

Nexos de Kirin ne pût assister à ce spectacle car grièvement blessé, il avait été conduit d'urgence à l'Atrium de Thanatos où l'Oracle Astrélia s'appliquait à soigner le Kirin.

Enfin, certains comme le jeune Gladius ouvrirent les yeux devant un soleil couchant, pointant à l'horizon, tandis que la lune prenait peu à peu sa place dans le ciel. Un cavalier noir galopait au loin, enveloppé d'ombre, témoin de la victoire d'Hadès.

Mais dans l'ombre d'un vortex ténébreux, l'Empereur des Perses hurlait sa colère contre les soldats du Sombre Monarque. Son simple cri, puissant et monstrueux, fissura les murs du Palais de Babylone, déchirant les soieries accrochéés sur ceux-ci.

L'Empereur sortit sur son balcon, mécontent. Mais la vision agréable d'une immense place remplie de milliers de soldats Perse suffit à calmer le Dieu Noir, alors qu'aux abords de l'Euphrate, une centaine de galères d'ébène naviguait vers la ville de Troie pour rejoindre les futurs adversaires des Spectres....