Saint Seiya Inferno Universe

Chapitre 1 : Une journée pas comme les autres

Gladius se leva ce matin-là de mauvaise humeur. A vrai dire, il n'y avait pas un seul jour où il était de bonne humeur depuis qu'il avait été affecté à la surveillance du Port d'Oneiros.

Il se disait sans cesse qu'il valait mieux que ça et qu'il ne pourrait pas tenir la promesse qu'il avait faite à son père : celle de devenir un Spectre d'Hadès. Mais les hommes avaient beaucoup de mal à s'adapter à la différence, y compris pour Gladius. Il n'avait pas la peau noire ou jaune qui aurait pu justifier un tel mépris à son égard mais ses cheveux étaient d'un rouge sang, tout comme ses yeux et ses sourcils.

Il était le dernier survivant d'un peuple qui avait été pendant des années le seul peuple à vivre près du Fleuve Achéron. Mais un jour, la ville de Décharonia fût attaquée par des bandits. Son peuple vaincu. Son père tué.

Lui seul s'en était sorti. Lui seul avait réchappé au massacre. Il avait alors marché de nombreux jours, tenaillé par la faim, avant d'arriver ici, au Port d'Oneiros. Affamé, il avait volé de la nourriture à un marchand de pains mais, trop affaibli, il s'était écroulé dans la rue. Des gardes l'avaient rattrapé et l'un d'entre eux s'était mit à frapper Gladius qui n'eût d'autre choix que de riposter. Un homme apparût alors.

Vu l'armure qu'il portait, il semblait être un Spectre d'Hadès. Il le remit auprès des autorités du Port qui lui donnèrent une armure de Garde en lui expliquant que ce Spectre lui avait demandé de réparer sa faute en empêchant d'autres de faire comme lui et que s'il s'acquittait de cette tâche il le prendrait comme apprenti... C'était il y a trois ans.

Gladius avait maintenant 17 ans et comme tous les jours depuis trois ans, les gardes l'avaient affecté à la surveillance du marché. Il passait des heures à se promener le long des étales, à guetter les éventuels voleurs, à contrôler les marchandises et à aider parfois les marins qui débarquaient au port à descendre leurs marchandises.

Le vieux Phobos lui donnait chaque jour un de ses fruits gratuitement. C'était le seul homme que Gladius appréciait ici. Les autres gardes restaient loin de lui et ne lui adressait jamais la parole, sans doute à cause de ses méfaits passés.

Il n'y avait qu'Exinos, le Capitaine des Gardes, qui lui donnait sa solde chaque mois à la taverne de la ville. Celui-ci lui parlait d'Hadès, du rôle des Spectres et de leurs aptitudes, de leurs forces. Cela donnait envie à Gladius.

Alors chaque soir, il partait vers la plage et s'entraînait durant des heures... Parfois il s'endormait même sur le sable chaud avant d'être réveillé par la marée haute et glacée du matin. C'est ce qui arriva ce matin-là.

Mais cette fois-ci, en regardant la mer, le jeune homme remarqua que trois galères noires avaient débarqué au port. Ces navires ne ressemblaient à aucun navire grec. Leurs voiles étaient noires avec, inscrit en bleu foncé, d'étranges signes qui devaient ressembler à des hiéroglyphes égyptiens... Mais ce qui capta l'attention de Gladius, ce fût surtout le plus gros des navires, le seul à avoir une figure de proue.

C'était un cadavre de femme. Le jeune homme sentit son cœur se serrer à cette vision d'horreur et son regard se porta instinctivement sur Oneiros. De la fumée s'élevait des maisons du village... Non, pas de la fumée... du feu... Aussitôt, Gladius courût à toute allure vers le village... Cette journée là allait être bien plus qu'une simple journée ordinaire...

Alors que Gladius entrait dans le village, il aperçût un de ses pairs gardes qui gisait sur le sol, un glaive enfoncé dans le thorax. Il n'en avait plus pour longtemps à vivre mais il avait encore la force de parler. Gladius s'agenouilla auprès de lui tandis que le garde crachait un épais filet de sang.

  • - Calme-toi ça ne sert à rien de chercher à bouger, lui dit calmement Gladius.
  • - Le... le... L'homme...
  • - Quel homme ?
  • - Lui... et ses hommes... ils ont...

Ce fût les derniers mots du garde. Gladius posa ses mains sur le cœur du garde.

  • - Puisse Hadès t'accueillir comme un frère.

Tel était le message posthume que l'on adressait aux guerriers morts pour Hadès.

Soudain, plusieurs cris se firent entendre et une dizaine de villageois courut en direction de Gladius. Parmi eux, Gladius reconnût le vieux Phobos qui trébucha et s'écroula par terre, poussé par la foule. Gladius se porta à son secours et l'éloigna du danger en l'emmenant dans une ruelle.

  • - Phobos que se passe-t-il ici ? Qui nous attaque ?
  • - Je ne sais pas Gladius mais tu ferais mieux de partir d'ici ! Ils sont une vingtaine seulement mais ils ont fait irruption sur la place du marché et ont mis hors d'état de nuire les Gardes ! Ils allaient s'en prendre à l'un des marchands mais Exinos les en a empêché, il doit être mort à l'heure qu'il est...
  • - Je pars à son secours.
  • - Mais Gladius tu n'as aucune chance contre eux !
  • - Peu importe je dois aller aider mon capitaine. Fuis, rassemble tous les villageois que tu croiseras sur ton chemin et prenez le large. Exinos m'a dit qu'il existe un bastion d'Hadès à une demi-journée de voyage d'ici, vous y serez en sécurité... Prévenez les Soldats du Sombre Monarque que nous sommes attaqués.
  • - Et toi Gladius ? Nous rejoindras-tu ?, lui demanda Phobos, inquiet.
  • - Si je le peux, oui...
  • - Fais attention à toi, Gladius, avertit le vieux marchand, ces hommes ne sont pas ordinaires, leurs yeux sont entièrement rouges comme s'ils étaient possédés et leurs armures sont aussi noires que la nuit. Quant à leurs chefs...
  • - Qu'y a-t-il ?
  • - Ils portent des armures étranges, on dirait presque des Surplis qui seraient devenus maléfiques...
  • - Des Surplis ???? C'est impossible ! Il faut que j'y aille ! Veille sur toi Phobos !

Et le jeune garde aux cheveux pourpres s'élança vers le danger, ignorant les appels de Phobos qui tentait encore de le raisonner...

Gladius courût à travers les ruelles d'Oneiros à toute allure, alternant des rues désertes à des rues dévastées, où des cadavres de gardes se mêlaient aux sangs des villageois...

Il arriva enfin sur la place du marché mais celle-ci n'avait plus rien à voir avec celle qu'il avait jadis arpenté... Les étales des marchands étaient toutes détruites, le sol recouvert de sang et de nourriture calcinée ou écrasée, les briques d'argiles de la place semblaient même totalement méconnaissables...

Alors que Gladius contemplait le désordre du marché, des ricanements se firent entendre dans l'ombre des ruelles avoisinantes.

Gladius se baissa brusquement. Un poignard fendit l'air et se planta dans le mur. Un dixième de seconde plus tôt et la lame du poignard se serait enfoncé dans sa tête...

Trois hommes sortirent de l'ombre et bondirent devant Gladius. Ils portaient tous les trois la même armure noire comme la nuit, sans aucun éclat, comme si chaque pan de leurs protections absorbait la lumière sans jamais la refléter.

Hormis cette particularité, leurs armures ressemblaient à des armures normales : un plastron recouvrait leurs poitrines jusqu'au thorax, un casque en forme de crâne semblait dévorer (ou protéger ?) leurs têtes tandis que leurs bras et jambes étaient recouverts de brassards et de jambières de métal.

  • - Pas mal pour un garde, lança l'un d'entre eux, mais cette fois-ci tu n'as aucune chance de nous échapper microbe, prépare-toi à mourir !
  • - Et bien j'avoue que je ne sais pas comment j'ai fait pour esquiver ton couteau, mais ce qui est sur c'est que je ne te laisserai pas l'occasion de me tuer une deuxième fois !
  • - Ooooh, mais on dirait que celui-là a du répondant, railla le deuxième soldat, laissez-moi m'en charger il pourra sans doute me distraire bien mieux que les autres là-bas.

Le guerrier désigna ensuite de sa tête un tas de cadavres de gardes qui gisait non loin de là, parmi eux, Gladius reconnût Exinos.

  • - Monstres ! Vous allez payer au centuple la mort de mes frères d'armes !

La vision du sang et de la mort n'avait cessé de tourmenter Gladius lors de sa traversée de la ville, il se rappelait la destruction de sa cité, la mort de son peuple... Et la mort d'Exinos, même s'il n'avait jamais été proche, le mit dans une colère incommensurable... Alors, le "Don" de Gladius resurgit.

Ses yeux rougirent, laissant apparaître un éclat rouge vif sur ses pupilles, ses cheveux se hérissèrent sur son crâne, et de ses poings, soudain, deux flammes se formèrent.

  • - Qu'est-ce que ???, s'exclama le dernier des soldats de l'ombre, bouche bée.
  • - Il a réussi à créer des flammes ! Ce n'est pas un soldat ordinaire, celui-là possède sans doute un cosmos !
  • - Raison de plus pour l'éliminer, dit le leader en retirant son poignard du mur. L'heure de ta mort est arrivée, Garde des Enfers ! Meurt !

Gladius s'élança sur son assaillant en un éclair. Il n'avait jamais atteint une telle vitesse auparavant, tout au plus arrivait-il à égaler un cheval au galop. Il concentra ses poings près de sa poitrine, les flammes qu'il avait généré se concentrèrent alors, formant une minuscule orbe écarlate, que Gladius relâcha sur son adversaire.

  • - PAR L'ORBE INFERNALE !!!!

L'action n'avait durée qu'une seconde, et les autres guerriers ne virent que Gladius foncer sur son adversaire avant de l'expulser à travers l'étale d'un marchand encore debout et d'échouer sur un mur... Le soldat retomba sur le sol, les os brisés, mort.

Gladius posa alors son regard sur les deux soldats restants. Ceux-ci le regardaient pour la première fois d'une autre manière, on aurait dit que leurs yeux étaient emprunt d'une nuance de doute et de peur, nuance qui se fixait sur le jeune Garde en une expression figée...

La technique que son père lui avait apprit avant de mourir avait réussi mais Gladius senti ses genoux flancher et il tomba à genoux sur le sol. Aussi puissante que soit l'Orbe Infernale, celle-ci avait usé le jeune homme qui se sentait faible, mais ses adversaires ne semblaient pas s'en être aperçu.

  • - Co... comment a-t-il fait ça ? Il l'a tué !
  • - Je crois que nous n'avons pas pris au sérieux ce gamin... Amenez-vous les autres !
  • - Les autres ???, pensa Gladius abasourdi.

Aussitôt, une dizaines de soldats jaillirent de l'ombre et encerclèrent Gladius. Tous portaient la même armure que celui que Gladius avait tué.

Je suis mal, songea le jeune Garde. Si je n'arrive pas à m'enfuir ils auront vite raison de moi... Mais je suis encerclé, comment faire ????

  • - Massacrons-le ! Soldats des Ténèbres ! Pour Ahriman !

Les soldats plongèrent tous sur Gladius qui ne put que fermer les yeux. Curieusement, il ne ressentit rien, ni lame dans son cœur, ni un courant d'air frais au cou qui aurait été synonyme de décapitation, ni coups sur son corps, il n'entendit que des cris d'horreur et des bruits de rongeurs...

Gladius rouvrit alors les yeux et resta interdit : tous les soldats étaient attaqués par une horde de rats gris fluorescents. Les soldats couraient dans tous les sens pour échapper à leurs mini-prédateurs.

Gladius entendit un rire étouffé derrière lui. Le jeune garde se retourna et vit un homme se tenir derrière lui. Ses cheveux étaient très longs, de couleur châtain foncé et noués par une natte. Le visage de l'homme était emprunt d'une incroyable sérénité et d'une détermination hors du commun. Qui plus est, les yeux gris qui le regardaient ne lui semblaient pas inconnus...

  • - Nergal ! C'est bien vous ?

Comme réponse Nergal lui donna une tape à l'arrière du crâne.

  • - Aïe !, se plaignit Gladius, pourquoi avez-vous fait-ça ?
  • - Les Gardes ne t'ont-ils donc rien appris ? Je ne suis pas Nergal, mais Nergal du Rat, l'Étoile Terrestre du Rongement ! Tout est dans le titre, sacripant !
  • - Je ne suis plus un enfant et nous avons mieux à faire..., rétorqua Gladius en montrant à Nergal les Soldats des Ténèbres débarrassés de leurs rongeurs.

Visiblement ils n'allaient pas tarder à faire payer au Spectre l'humiliation qu'il leur avait fait subir...

  • - Et bien ! A ce que je vois mon Invasion Prolifique a disparu ! Bravo Gladius, tu m'as déconcentré !

Gladius se remit immédiatement en position de combat et regarda celui qui l'avait recueilli il y a trois ans d'un regard furieux, comme un père qui réprimanderait son fils.

  • - Cessez de faire le malin et préparez-vous à vous battre !
  • - Inutile... vous êtes déjà condamnés..., lui répondit Nergal d'un sourire mi-clos.
  • - Condamnés ?!!, glapit un Soldat des Ténèbres. Ah ! C'est plutôt toi qui est condamné sale Spectre d'Ha... a... ar... argh...

Le Soldat des Ténèbres s'écroula à terre devant ses camarades et commença à convulser sur le sol, sa respiration se fît de plus en plus haletante à mesure qu'une fièvre hallucinatoire semblait entrer en possession du malheureux... Puis un autre Soldat des Ténèbres s'écroula, puis un autre. En quelques minutes, ce fût la garnison entière qui fût terrassée par un étrange mal.

  • - Que leur arrive-t-il ?, s'exclama Gladius l'air incrédule.
  • - La Peste du Rat. L'Invasion Prolifique n'est qu'une illusion que je génère pour masquer ma véritable attaque : une peste que moi seul peut transmettre et guérir et qui est liée à mon Surplis du Rat. Celui qui la subit ne peut réchapper de cette terrible maladie...
  • - Mais je ne vous ai même pas vu bouger !
  • - C'est parce que tu n'es pas capable d'atteindre la vitesse du son, mon apprenti, mais cela viendra...
  • - Attendez... comment m'avez-vous appelé ?

Nergal avança alors dans une ruelle et y ramena un sac qu'il jeta à Gladius.

  • - Regarde dedans, Gladius.

Celui-ci s'exécuta et plongea sa main dans le sac. Il sentit quelque chose de lourd et de métallique. Surpris, il sortit du sac l'armure qu'elle contenait. C'était une armure qui ressemblait à celle qu'il possédait mais elle était d'un gris plus sombre avec, sur l'épaulière, le symbole d'Hadès.

  • - Qu'est ce que ca signifie ?, demanda Gladius abasourdi.
  • - Je ne suis pas venu ici pour rien Gladius. Tu as passé trois ans en tant que Garde au service d'Hadès, désormais, je peux te prendre comme apprenti... comme apprenti Spectre d'Hadès !